Dans un contexte mondial où l'économie des pays développés, en crise sur une longue période, pèsera de plus en plus sur les pays en voie de développement, l'Algérie est en train d'identifier les principaux enjeux qui s'imposent à elle et mettre en place une stratégie industrielle appropriée. L'ampleur des besoins à satisfaire est l'enjeu principal. La croissance quantitative des besoins provient en premier lieu de l'accroissement de la population. Le pays compte plus de 37 millions d'habitants, la progression démographique à elle seule portera les besoins en produits de consommation à presque trois fois le niveau actuel. Au fur et à mesure que l'homme assure la satisfaction de ses besoins essentiels sur le plan quantitatif, les exigences en qualité et en variétés des produits de consommation s'accroissent encore davantage. Il faut également tenir compte du fait que la nouvelle génération considère les conditions de vie dont elle a hérité non pas comme le commun du bien-être humain, mais comme une base de départ vers de nouveaux horizons. Si auparavant la priorité accordée à l'industrie de base a conduit à remettre à plus tard la solution des autres problèmes sociaux et à concentrer toutes les ressources sur la solution de ce problème immédiat au nom de la société future, à présent le futur est à notre porte. A présent et encore moins à l'avenir la pénurie d'objets de première nécessité ne peut-être justifiée tant le pays a opté pour l'économie de marché et il est difficile de différer la satisfaction des besoins croissants en biens matériels. La production nationale doit couvrir ces besoins d'autant qu'elle recèle en son sein de ressources considérables et des réserves très importantes de productivité. Sans parler de rupture avec le concept ancien qui place l'industrie en général, l'industrie lourde en particulier, comme point de départ, centre et fin en soi du développement, concept qui a conduit certes à la mise en place d'une base industrielle, mais qui a créé des déséquilibres profonds, il y a lieu, aujourd'hui, d'établir de nouvelles priorités. Au niveau macroéconomique les secteurs prioritaires doivent dorénavant tenir le rôle principal et constituer la finalité et donc le "moteur" du développement. C'est le cas notamment de l'agriculture, de l'hydraulique, des infrastructures et de l'habitat. L'industrie est appelée dans ces conditions à répondre aux besoins de ces secteurs avec comme principe à l'intérieur du secteur industriel la hiérarchisation des priorités, d'une part, en fonction des besoins et, d'autre part, en fonction des impératifs de développement des technologies de pointe indispensables au secteur industriel en particulier, à l'économie en général.