Les Bourses européennes ont terminé la semaine à la baisse avant-hier , plombées par les chiffres décevants de l'emploi américain et par des inquiétudes sur les répercussions de la grippe aviaire en Chine. Après le discours peu encourageant la veille de la Banque centrale européenne sur les perspectives économiques de la zone euro, les investisseurs sont désormais préoccupés par l'évolution du marché du travail américain. Aux Etats-Unis, le solde net des créations d'emplois dans le pays a en effet été divisé par trois en mars sur un mois, à 88 000 nouveaux postes, en données corrigées des variations saisonnières. C'est son niveau le plus faible depuis juin 2012 et il se révèle nettement inférieur à la prévision médiane des analystes de 192 000 embauches nettes. "Ce chiffre sur les créations d'emplois, plus faible que prévu, laisse penser que les Etats-Unis souffrent d'un ralentissement dans leur tentative de reprise économique", indique la maison de courtage Capital Economics. Cette mauvaise nouvelle survient dans un marché déjà fragilisé par ses interrogations sur l'économie en zone euro. Signe de leurs inquiétudes, les investisseurs se sont livrés à des ventes, notamment de valeurs bancaires qui sont passées dans le rouge. Les marchés ont en outre été pénalisés par les craintes d'un possible impact sur les voyages de la grippe aviaire en Chine, qui ont fait chuter le secteur du transport aérien. Les titres des grandes compagnies aériennes ont dégringolé sur les marchés boursiers. L'Eurostoxx 50 a lâché 1,38% La Bourse de Paris a fini en baisse (-1,68%), l'indice CAC 40 perdant 83,34 points pour s'inscrire à 3 640,65 points dans un volume d'échanges de 3,32 milliards d'euros. Seules quelques valeurs ont terminé dans le vert, dont Groupe Steria et Altran qui ont gagné respectivement 1,23% à 10,73 euros, et 2,10% à 5,36 euros. Les banques ont cédé du terrain: BNP Paribas perdait 1,42% à 39,26 euros, Société Générale abandonnait 0,10% à 25,39 euros et Crédit Agricole lâchait 1,56% à 6,26 euros. Air France a chuté de 7,77% à 6,73 euros, en raison des craintes suscitées par la grippe aviaire en Chine. Même des valeurs défensives ont fini en baisse, à l'image d'Essilor (-3,74% à 82,64 euros) ou encore Sanofi (-1,92% à 77,56 euros). Dans le luxe, PPR a lâché 4,17% à 165,35 euros et LVMH a perdu -3,35% à 129,9 euros. Les valeurs liées au secteur des services aux collectivités ont néanmoins réussi à limiter leurs pertes: EDF a perdu 0,13% à 15,56 euros, GDF Suez a progressé de 0,46% à 15,42 euros et Suez Environnement a cédé 0,15% à 9,96 euros. Alstom a perdu 0,21% à 30,52 euros. La Bourse de Londres a lâché 1,49%, l'indice FTSE-100 perdant 94,34 points à 6 249,78 points. Le groupe aérien IAG, maison-mère de British Airways et d'Iberia, a chuté de 6,90% à 234,9 pence, et EasyJet de 6,38% à 1 027 pence. Tui Travel a également reculé de 4,66% à 298,6 pence et le groupe hôtelier InterContinental Hotels de 3,63% à 1 913 pence. Parmi les rares hausses, Eurasian Natural Resources et Randgold Resources ont pris 3,36% à 243,1 pence et 2,52% à 5 290 pence tandis que BAE Systems a gagné 0,89% à 386,3 pence et Centrica 0,70% à 374,1 pence. A la Bourse de Francfort, le Dax a perdu 2,03% à 7 658,75 points, et le MDax des valeurs moyennes a abandonné 2,16% à 12 922,9 points. Quasiment toutes les valeurs du Dax ont fini dans le rouge, en premier lieu Lufthansa (-5,23% à 14,14 euros). HeidelbergCement a glissé de 4,48% à 52,61 euros et Lanxess, Bayer, BASF et Merck KGaA ont tous perdu plus de 3%. Daimler a aussi terminé en baisse (-2,3% à 41 euros). Seul E.ON est resté en territoire positif (+0,78% à 14,16 euros). A contre-courant, la Bourse de Milan a terminé en hausse de 0,64% à 15 250 points. Telecom Italia a gagné 1,04% à 0,584 euro. Mediobanca a fait mieux, grimpant de 6,02% à 4,086 euros. A l'inverse, Mediaset a cédé 2,06% à 1,52 euro. A Madrid, l'indice Ibex-35 a clos en baisse de 0,63% à 7798,4 points, son niveau le plus bas de l'année. Toutes les valeurs bancaires ont terminé en baisse, Santander perdant 0,23% à 5,182 euros, BBVA 0,72% à 6,629 euros et CaixaBank 1,25% à 2,605 euros. Repsol a de son côté enregistré une hausse de 0,69% à 15,96 euros. Telefónica cédait 0,10% à 10,37 euros. La Bourse de Bruxelles a lâché -1,36% à 2543,90 points. Le titre de ThromboGenics s'est replié de 4,72% à 33,68 euros, suivi par le groupe de distribution Delhaize (-3,15% à 40,09 euros) et le chimiste Solvay (-2,56% à 100,80 euros). A l'inverse, Belgacom, une valeur plutôt défensive, a gagné 0,97% à 19,18 euros. L'indice AEX de la Bourse d'Amsterdam a clôturé en baisse de 1,68% à 340,71 points. La baisse la plus importante a été enregistrée par le groupe franco-néerlandais Air France-KLM, qui a cédé 7,77% à 6,74 euros. A la hausse, Aperam a gagné 2,88% à 9,63 euros. La Bourse suisse a perdu 1,57%, l'indice SMI terminant à 7 641,11 points. Parmi les bancaires, Credit Suisse a gagné 0,20% à 24,49 francs, UBS a perdu 1,11% à 14,20 francs et la banque Julius Baer a lâché 1,63% à 36,10 francs. Dans le luxe, Richemont a plongé de 3,20% à 71,10 francs. A la Bourse de Lisbonne, le PSI-20 a fini en recul de 0,76% à 5 636,66 points, les valeurs bancaires étant les plus pénalisées. La banque BPI a ainsi chuté de 3,85% et la BCP a perdu 2,30%, tandis que la BES a cédé 0,94%. Galp Energia perdait 1,79%. Jeronimo Martins a en revanche progressé de 1,80%.
Journée historique sur le marché nippon après la refonte monétaire La refonte de la politique monétaire de la Banque du Japon a entraîné une journée historique sur les marchés nippons avant-hier, avec un volume d'échange record à la Bourse de Tokyo, une dépréciation du yen et une chute du taux d'intérêt des obligations d'Etat à un niveau inédit. L'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a grimpé de 1,58% en clôture pour finir à 12 833,64 points, du jamais vu depuis le 1er septembre 2008, soit avant la faillite de la banque américaine Lehman Brothers et la crise financière internationale. Au début des échanges, sa hausse a même frôlé les 5%, mais des prises de bénéfice ont ensuite réduit ses gains. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a grimpé pour sa part de 2,74%. Signe de l'excitation des courtiers, pas moins de 6,45 milliards de titres ont été échangés sur le premier marché, un niveau inédit depuis la création de la place en 1949. Même lors de la panique qui avait suivi le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire de Fukushima du 11 mars 2011, le volume n'avait pas été aussi élevé. Mercredi et jeudi, la BoJ a tenu sa première réunion de politique monétaire depuis l'arrivée du nouveau gouverneur, Haruhiko Kuroda, et a très agréablement surpris le marché en annonçant un changement drastique de braquet. L'institut d'émission a décidé de passer au contrôle de la base monétaire (l'argent liquide et les réserves obligatoires des banques), au lieu de se focaliser comme auparavant sur une politique de taux d'intérêt nul. Il veut ainsi doubler la base monétaire en deux ans, notamment via une forte augmentation des achats d'obligations d'Etat et une extension de leur acquisition à toutes les maturités, y compris les plus longues, alors qu'il ne touchait pas à celles de cinq ans et plus jusqu'à présent. Ce faisant, la BoJ veut faciliter la circulation de l'argent, doper l'activité et permettre au pays de sortir d'une déflation handicapante depuis quinze ans. Elle vise une inflation de 2% d'ici à deux ans. Les valeurs bancaires ont profité à plein de ces engagements, gages de financements faciles, tout comme les maisons de courtage. "Les actions japonaises sont sous-évaluées depuis longtemps, ces gains sont justifiés", a expliqué Daisuke Uno, de la banque Sumitomo Mitsui. "Il faudra toutefois garder un œil sur le revers de la médaille de ces mesures d'assouplissement monétaire. Nous ne savons pas où ce pari va nous conduire", a-t-il toutefois prévenu. La perspective de ce flot de liquidités dans les circuits a continué en attendant d'affaiblir le yen avant-hier sur le marché des changes. L'euro est passé au-dessus de la barre des 125 yens dans la matinée en Asie, avant de redescendre quelque peu. Il cotait néanmoins encore 124,15 yens peu après la clôtures, contre moins de 120 yens avant les annonces de la BoJ la veille. Le dollar est pour sa part brièvement monté au-dessus de 97 yens, une première depuis trois ans et demi. Peu après 06H00 GMT, il cotait 96,15 yens. Cette dépréciation du yen a dopé les titres des exportateurs nippons dont la compétitivité à l'étranger est accrue lorsque la devise japonaise se déprécie. La monnaie nippone a chuté depuis novembre, époque où il était au plus haut face au dollar et à l'euro. Les titres du constructeur d'automobiles Toyota et du fabricant d'électronique Sharp en ont particulièrement profité avant-hier. L'emprunt d'Etat à dix ans s'est arraché par ailleurs sur le marché secondaire, et son taux d'intérêt a chuté jusqu'à 0,315%, un nouveau plus bas historique après celui établi la veille. Le Premier ministre de droite, Shinzo Abe, a applaudi avant-hier matin les mesures prises par la BoJ sous l'égide de M. Kuroda qu'il avait choisi pour l'aider à soutenir la troisième puissance économique mondiale. "La Banque du Japon a lancé une politique d'assouplissement différente et donné un signal fort au marché. Cela répond aux espoirs" placés en elle, s'est-il félicité devant la commission budgétaire de la chambre basse du Parlement. Les valeurs bancaires profitaient pleinement de ces engagements, gages de financements faciles: Sumitomo Mitsui Financial Group s'envolait de 6,81% à 4 230 yens, Mitsubishi UFJ Financial Group de 6,74% à 617 yens et Mizuho Financial Group de 3,88% à 214 yens. A la mi-séance, le constructeur d'automobiles Toyota grimpait ainsi de 3,35% à 5 090 yens, tandis que le fabricant d'électronique Sharp bondissait de 4,74% à 265 yens. L'emprunt d'Etat à dix ans s'arrachait par ailleurs sur le marché secondaire, et son taux d'intérêt a chuté à 0,315%, un nouveau plus bas historique après celui déjà établi la veille.