Aucune nation n'a été politiquement, économiquement et socialement aussi proche du tiers-monde, en général, et de l'Afrique, en particulier, de l'Afrique que la République populaire de Chine. Devenue tiers-mondiste au contact des peuples africains, la Chine n'a aucun tabou dans ce domaine et symbolise toute sa vocation internationale à se retrouver dans le rang des pays en développement qui se construisent mais qui sont toujours soumis à la " saga " de l'impérialisme et du colonialisme. Il semble, par ailleurs, que la rapidité avec laquelle l'Afrique s'est attachée à la Chine, a élargi les dimensions chinoises à s'incruster sans aucun arrière-plan dans le Continent noir. Elle est en outre bien aisée et trop grande pour exercer sa domination de grande puissance pour le développement et l'épanouissement des peuples africains. Le partenariat entre l'Afrique et la Chine s'inscrit pleinement dans cette logique et se base sur le pragmatisme et le respect mutuel. Quand l'Afrique se tourne économiquement vers la Chine, c'est une "promesse d'avenir meilleur qu'ils ont : un peuple, qui par la force du travail et d'obstination a pris en l'espace d'une génération la voie de l'émergence et qui fait aujourd'hui entendre sa voix au même titre que les Européens ou les Américains ". Il est facile dans ces conditions de penser à la réaction des pays occidentaux et des Etats-Unis, rivaux de la Chine en Afrique et ailleurs dans le monde, qui utilisent tous les moyens pour freiner la pénétration de la Chine dans le continent afin de se procurer davantage d'intérêts économiques. Cela dit, les dirigeants chinois proclament leur volonté de resserrer les liens avec l'Afrique. L'un des premiers gestes du nouveau président chinois, Xi Jinping, après son élection, a été d'en assurer cette continuité. N'en déplaise à certains, l'Afrique est engagée dans une relation " gagnant-gagnant " de long terme avec la Chine. Il ne faut pas croire les discours amers de certains officiels occidentaux. L'Afrique n'a pas peur de la Chine et n'a aucune raison de redouter ce partenariat égalitaire et pragmatique basé sur les intérêts communs, et libéré des considérations morales et de condescendance qui constituent parfois encore les plaies visibles de l'héritage colonial. Première et logique priorité du nouveau président chinois : la coopération avec les pays africains qui absorbent déjà l'essentiel des investissements chinois dans tous les domaines, et où se trouvent des milliers de travailleurs chinois. Le récent discours du président Xi Jinping, à l'occasion de la tenue du Forum de Bo'ao 2013, illustre bien la volonté de ce pays, qui renferme le quart de l'humanité, à se rapprocher davantage de l'Afrique à travers le renforcement de la qualité de la relation sino-africaine. A l'échelle du continent, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le volume des activités commerciales avec la Chine est passé de 10 milliards à 160 milliards de dollars entre 2000 et 2011, et la Chine représente aujourd'hui le deuxième partenaire commercial de l'Afrique, après les Etats-Unis. La ruée vers les matières premières, promise par les "spécialistes" ne demeure qu'un fantasme et selon les derniers chiffres du FMI, les exportations africaines vers la Chine sont sensiblement similaires à celles réalisées par les Etats-Unis et l'Union européenne. Au-delà des relations avec la Chine, et comme l'a démontré le récent sommet des BRICS de Durban, l'Afrique doit continuer à se rapprocher des économies émergentes. Le Continent noir a besoin de leurs investissements et de leur savoir-faire et les BRICS ont aussi besoin de l'Afrique pour développer leurs économies et étendre leurs marchés. Ces intérêts convergents bien compris font des partenariats Sud-Sud l'une des clés de voûte de la croissance mondiale de l'avenir. Et la Chine, par son poids économique et géopolitique, est la " locomotive naturelle " de cette nouvelle donne économique. Une nouvelle donne qui a pris de la consistance avec l'annonce par le Sommet de Durban des BRICS de la création d'une banque des " BRICS " et de l'Afrique, plus même que le FMI ou la Banque mondiale de comprendre les intérêts des économies à forte croissance et de la soutenir efficacement.