Le Soudan du Sud a mis lundi une offre d'accord sur la table pour résoudre ses différends avec le Soudan, incluant une hausse des frais de passage payés à Khartoum pour le transit de son pétrole et un référendum d'auto-détermination d'ici fin 2012 dans la région disputée d'Abyei La proposition de Juba intervient quelques jours avant l'expiration du délai du 2 août donné par l'ONU et l'Union africaine (UA) aux deux Soudans pour régler les différends qui empoisonnent encore leurs relations plus d'un an après l'accès à l'indépendance du Soudan du Sud. Juba se dit prêt à verser à Khartoum, en fonction de l'oléoduc emprunté, 9,10 et 7,26 dollars par baril de pétrole exporté via le Soudan. Ces redevances représentent une augmentation de 0,07 dollar comparé à sa précédente offre. "Dans l'intérêt de la paix, le Soudan du Sud offre au Soudan de généreux transferts financiers," a déclaré Pagan Amum, négociateur en chef du Soudan du Sud dans ces pourparlers, devant la presse. Khartoum n'avait pas réagi dans l'immédiat. Juba propose en outre à Khartoum 8,2 milliards de dollars sur trois ans -- mélange de transfert d'argent et d'une reprise d'une partie de la dette du Soudan d'avant partition, dont le Sud n'avait jusque là jamais voulu entendre parler. L'idée est de combler le manque à gagner du Soudan depuis la sécession, Juba ayant hérité des trois quarts des ressources pétrolières du Soudan d'avant la partition. Mais le Sud reste tributaire des infrastructures du Nord pour exporter son brut et les deux parties n'ont jusqu'ici jamais pu se mettre d'accord sur les frais de transit. Faute d'accord, Khartoum avait fini par se payer en prélevant du brut du sud passant dans ses oléoducs, à la fureur de Juba qui avait alors stoppé sa production en janvier. "C'est un accord juste et équilibré dans lequel chaque nation trouve son compte," a estimé M. Amum. "Nous proposons d'immédiatement reprendre nos exportations de pétrole via le Soudan en échange de frais de transport justes, raisonnables". Juba propose aussi un mécanisme d'arbitrage international pour achever la démarcation de la frontière commune aux deux pays. Un cinquième de cette zone frontalière, souvent riche en pétrole, reste litigieuse. Le Sud demande encore qu'à Abyei, un référendum soit organisé par l'ONU et l'UA avant la fin de l'année pour déterminer si cette région grande comme le Liban doit être rattachée au Nord ou au Sud. Ce référendum, pourtant prévu par l'accord de paix de 2005 qui a débouché sur la sécession, n'a jusqu'ici pas pu être organisé, faute d'accord entre Juba et Khartoum sur le corps électoral du scrutin. La proposition d'accord est la "dernière offre" de Juba, "pas une position de négociation," a ajouté M. Amum. "Il nous reste seulement neuf jours d'ici au 2 août (...) nous pensons qu'il n'est plus temps de faire traîner ces laborieuses négociations." Les délégations du Soudan et du Soudan du Sud ont repris dimanche soir leurs pourparlers dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, sous l'égide de l'UA, une semaine tout juste après une poignée de main remarquée entre les présidents soudanais, Omar el-Béchir, et sud-soudanais, Salva Kiir. Les tensions restent cependant vives entre les deux pays: Juba a accusé Khartoum d'avoir de nouveau bombardé son territoire vendredi. Khartoum a répliqué avoir visé des rebelles de l'Etat soudanais du Darfour, qui tentaient d'attaquer le Soudan en passant par le Soudan du Sud et n'avoir frappé qu'en territoire soudanais. Juba et Khartoum s'accusent régulièrement de soutenir chacune une rébellion sur le sol de l'autre.