Les présidents soudanais Omar El Béchir et sud-soudanais Salva Kiir sont arrivés, hier, à Addis-Abeba pour tenter de relancer des accords au point mort depuis leur signature en septembre et discuter des graves différends opposant encore leurs pays. «Les deux dirigeants sont arrivés et sont sur le point de se rencontrer», a affirmé le porte-parole du ministère éthiopien des Affaires étrangères, Dina Mufti. Il s'agit de la première rencontre entre les deux dirigeants depuis septembre 2012. L'ordre du jour n'a pas été détaillé mais, selon l'agence officielle soudanaise Suna, le président Béchir est à Addis-Abeba pour deux jours. La réunion a été maintenue en dépit de nouvelles accusations de l'armée sud-soudanaise, qui a affirmé que les forces de Khartoum l'ont attaquée mercredi dernier dans une zone frontalière du nord-ouest de son territoire. Ces accusations sont susceptibles de raviver les tensions entre les deux capitales, qui se sont livré des décennies de guerres civiles dans le passé et maintiennent des relations difficiles depuis l'indépendance du Sud, en juillet 2011. La signature d'un accord de paix en 2005 avait conduit, six ans plus tard, à la partition du Soudan. Cet accord a mis fin aux longues années de guerre, mais a laissé en suspens de nombreuses questions, dont le partage des ressources pétrolières, le tracé de la frontière, le statut des ressortissants de chaque Etat sur le territoire de l'autre et l'avenir de la zone frontalière d'Abyei. Pressions internationales Les tensions nées de ces différends ont dégénéré en graves combats frontaliers début 2012, laissant craindre la reprise d'un conflit à grande échelle. Depuis, la communauté internationale fait pression pour que les deux pays règlent leurs derniers litiges. En septembre, les présidents El Béchir et Kiir se sont mis d'accord sur les modalités de reprise de la production pétrolière au Soudan du Sud, dont l'exportation dépend des oléoducs du Nord et dont l'arrêt par Juba depuis janvier 2012, après un différend avec Khartoum, a mis les économies des deux pays à genoux. Ces accords prévoyaient également la mise en place d'une zone-tampon démilitarisée à la frontière commune. Mais la production pétrolière n'a toujours pas repris et les positions des deux Soudan restent figées sur Abyei, zone grande comme le Liban, revendiquée par les deux pays. Jeudi, le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, a accusé l'aviation soudanaise d'avoir bombardé la région frontalière de Raja, dans l'Etat sud-soudanais du Bahr Al Ghazal occidental. Il a également affirmé que des combats y ont opposé les infanteries des deux pays. Mais dans la foulée, le porte-parole du gouvernement du Sud-Soudan, Barnaba Marial Benjamin, s'est voulu rassurant, affirmant que le président Kiir se rendrait tout de même à Addis-Abeba. «Nous voulons veiller à l'entière mise en œuvre des accords déjà signés», a-t-il avancé. Se gardant de commenter les nouvelles accusations de l'armée sud-soudanaise, Suna a ensuite à son tour confirmé la présence du président El Béchir dans la capitale éthiopienne où siège l'Union africaine (UA), qui assure une médiation entre les deux Soudan. «Il rencontrera le président du Sud-Soudan, Salva Kiir, pour discuter des problèmes en cours et accélérer la mise en application des accords de coopération signés par les deux présidents en septembre», a indiqué l'agence officielle. Jeudi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a quant à lui encouragé les deux dirigeants «à traiter de manière décisive tous les problèmes en suspens», parmi lesquels «la sécurité, la délimitation de la frontière et le statut final» d'Abyei. La présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a, elle, émis l'espoir que ce sommet permettrait «aux deux Présidents de s'accorder sur les voies et moyens les meilleurs pour surmonter les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des accords historiques» signés en septembre.