Les cours du pétrole ont nettement reculé, avant-hier à New York, minés par un mauvais chiffre sur les ventes au détail aux Etats-Unis, ce qui renforçait les craintes sur la demande en brut, accompagnées d'un regain d'inquiétude autour de Chypre. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a cédé 2,22 dollars à 91,29 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a fini à 103,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,16 dollar par rapport à la clôture de la veille. Les prix poursuivent le recul observé depuis deux jours suite aux révisions à la baisse de la demande de brut en 2013 par l'AIE (Agence internationale de l'énergie), l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) et l'EIA (l'Agence américaine d'information sur l'énergie), a relevé l'analyste indépendant Andy Lipow. L'hypothèse d'un accès de faiblesse de la demande pour les produits pétroliers a été renforcée avant-hier par l'annonce d'indicateurs de mauvais augure pour la demande aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir. Les ventes au détail en particulier ont reculé en mars de 0,4% par rapport au mois précédent, leur plus forte baisse en neuf mois, alors que la prévision médiane des analystes les donnait stables. Le moral des ménages a aussi nettement baissé en avril aux Etats-Unis, s'établissant à son plus bas niveau depuis l'été 2012. Les investisseurs ont parallèlement fait preuve de nervosité face à l'évolution de la situation à Chypre. Les ministres des Finances de la zone euro réunis à Dublin ont avalisé vendredi les modalités du plan d'aide à l'île, qui va devoir faire des efforts deux fois plus importants que prévu. A Nicosie, le président Nicos Anastasiades a déclaré qu'il allait demander à l'Union européenne une aide supplémentaire, ce qui a accru la nervosité des marchés. Un diplomate chypriote a toutefois précisé qu'il ne s'agissait pas d'argent frais supplémentaire mais d'un soutien accru de la task force de la Commission à Nicosie. On craint de nouveau que la situation soit pire que ce qu'on pensait, a relevé Bill Baruch, de iiTrader.com. Cela pousse les investisseurs à retirer leur argent des marchés européens et de matières premières jugées comme des actifs plus risqués, a ajouté l'expert. Le dollar, considéré comme une valeur-refuge, profitait en partie de la situation, ce qui participait à la baisse des cours du brut. Un billet vert renforcé rend en effet moins attractifs les achats de matières premières libellés dans la monnaie américaine, comme le pétrole, pour les investisseurs munis d'autres devises. Le prix du brut continue par ailleurs à pâtir de l'abondance de l'offre aux Etats-Unis, où la production ne cesse de progresser ces derniers mois et où les réserves de brut sont à leur plus haut niveau depuis 1990, ainsi que d'une progression de la production en mer du Nord, a rappelé M. Lipow. En Asie, les cours du pétrole étaient mitigés dans les échanges matinaux, affaiblis par la révision à la baisse des prévisions de demande de brut par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai cédait 19 cents, à 93,32 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai se reprenait de 9 cents à 104,36 dollars.