De nombreuses personnes ont été blessées, avant-hier, à Conakry dans des heurts entre forces de l'ordre et opposants manifestant contre un décret présidentiel fixant au 30 juin la date des élections législatives en Guinée. Il y a eu beaucoup de blessés dans nos rangs, nous ne pouvons pas vous donner un chiffre précis, retenez seulement qu'il y a des dizaines de blessés, a déclaré l'ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, chef de l'opposition, après la dispersion des opposants qui ont tenté par milliers, depuis plusieurs quartiers, de se rassembler pour ensuite marcher en ville. Les opposants entendaient suivre un itinéraire interdit par les autorités, qui avaient fixé un autre trajet pour cette marche. Nous avons reçu pour instructions d'empêcher les manifestants de marcher sur l'autoroute, il y a un autre itinéraire qui a été autorisé par les autorités guinéennes, nous n'avons fait qu'appliquer des instructions, a déclaré le lieutenant-colonel Ansoumane Camara, un responsable de la police. Le cortège de plusieurs milliers d'opposants, conduit par M. Diallo et d'autres dirigeants de l'opposition, tentait de se rendre près de l'aéroport pour lancer la marche mais il a été dispersé à coups de gaz lacrymogènes, matraques et canon à eau, et les heurts ont été suivis d'une importante bousculade. Des feux ont été allumés sur les voies, un véhicule des forces de l'ordre a été incendié. Auparavant, deux jeunes avaient été blessés (l'un au visage, l'autre à la tête) dans un autre quartier de banlieue, Hamdallaye, où les heurts ont commencé alors que des militants de l'opposition tentaient de se rendre sur le site de rassemblement interdit, près de l'aéroport. Les forces de l'ordre y ont fait usage de gaz lacrymogènes et matraques pour disperser les jeunes qui répliquaient par des jets de pierre et brûlaient des pneus. Dans un communiqué diffusé jeudi après-midi, le porte-parole du gouvernement guinéen, le ministre Damantang Albert Camara, a déploré les incidents survenus lors de cette manifestation de l'opposition. Il a appelé les forces de sécurité au respect strict des droits humains et invité les responsables politiques et les militants des différents partis à la retenue. Auparavant, il s'était déclaré inquiet de la décision de l'opposition de ne pas respecter l'itinéraire décidé par les autorités. Les élections législatives, fixées au 30 juin, sont attendues depuis 2011 en Guinée. Faute de consensus avec l'opposition sur l'organisation d'un scrutin libre et transparent, elles ont été maintes fois repoussées. L'opposition a organisé ces derniers mois des manifestations, pour réclamer des élections législatives libres et transparentes, qui ont dégénéré en violences meurtrières. Le 24 avril, gouvernement, majorité présidentielle et opposition avaient appelé à la retenue lors des manifestations de rue, dans une déclaration commune. Mais, le lendemain une nouvelle manifestation de l'opposition faisait un mort et plusieurs blessés. Le 29 avril, le Conseil de sécurité de l'ONU s'était dit inquiet de l'instabilité en Guinée et avait appelé au calme pouvoir et opposition.