Deux personnes ont été tuées et sept blessées par balles dans la nuit de lundi à mardi à Conakry, en Guinée, où des tirs ont été entendus dans plusieurs quartiers pendant plusieurs heures, a-t-on appris de source hospitalière et auprès de proches des victimes. «Nous avons eu deux morts par balles et sept blessés par balles», a déclaré un médecin d'une clinique de Conakry, information confirmée par des membres des familles des victimes. Ces violences sont intervenues pendant que des «hommes en uniforme accompagnés de civils» se livraient à des pillages dans des quartiers de la capitale guinéenne en majorité habités par des Peuls, dont celui de Cosa où les morts et les blessés ont été recensés, selon ces sources. Elles portent à huit le nombre de morts et à plus de 200 celui des blessés depuis près d'une semaine à Conakry dans des violences impliquant les forces de l'ordre, des opposants, des pillards, des commerçants, des jeunes et des membres de différentes ethnies. Les divergences politiques en Guinée recoupent le plus souvent les divisions ethniques, particulièrement celles entre Peuls et Malinkés. Le principal parti d'opposition, l'Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) est dirigé par un Peul, Cellou Dalein Diallo, rival du président Alpha Condé, un Malinké qui l'avait battu au second tour de la présidentielle de novembre 2010. Ce regain de tension dans un pays à l'histoire marquée par la violence politico-militaire depuis son indépendance de la France en 1958, se produit à un peu plus de deux mois d'élections législatives maintes fois reportées, dont la préparation est contestée par l'opposition et qui sont prévues le 12 mai. Les affrontements avaient débuté le 27 février lors d'une marche de l'opposition, qui, soupçonnant le pouvoir de vouloir organiser des fraudes aux législatives, avait mobilisé des milliers de personnes à Conakry. La marche a dégénéré en combats de rue entre forces de l'ordre et manifestants. Les heurts se sont poursuivis le lendemain, en marge d'une journée ville morte à l'appel de l'opposition, puis le surlendemain. Des affrontements ont encore opposé lundi des forces de l'ordre et des individus qui tentaient de saccager et piller des boutiques, alors que tous les marchés de Conakry étaient fermés à l'appel de commerçants réclamant des dommages après avoir été victimes de pillages durant les violences précédentes. Dans un communiqué publié lundi soir, le gouvernement a fait état d'attaques de domiciles privés, qui sont saccagés ou brûlés par des «bandes munies d'armes blanches et de cocktails incendiaires» dans la banlieue de Conakry.