Areva pourrait recevoir une part de 4 à 5 milliards d'euros sur le marché de la construction de la 2e centrale nucléaire de Turquie, attribué la semaine dernière à un consortium franco-japonais, a indiqué cette semaine Luc Oursel, président du directoire du groupe nucléaire français. Les négociations avec le consortium chargé de ce projet, qui a choisi le réacteur Atmea co-développé par Areva et MHI pour équiper cette centrale de 4 tranches, pourraient déboucher sur une commande ferme de réacteurs au groupe nucléaire d'ici 12 à 18 mois, a indiqué M. Oursel à la presse, en marge de l'assemblée générale des actionnaires d'Areva. Interrogé sur le montant que ce projet de centrale pourrait représenter pour Areva, M. Oursel a répondu: “Pour donner un ordre de grandeur, mais qui n'a pas de valeur d'engagement, c'est quelque chose entre 4 et 5 milliards d'euros, hors combustibles. C'est un contrat dont la réalisation devrait être étalée sur une dizaine d'années et représenter probablement 1 500 emplois”, a-t-il ajouté. Concernant le calendrier de passation de la commande ferme pour les 4 réacteurs Atmea de 1.100 mégawatts qui équiperont la centrale, qui doit faire l'objet de négociations entre les parties prenantes, il a estimé que cela pourrait intervenir d'ici 12 à 18 mois, une fois notamment que le consortium se sera accordé avec le gouvernement turc sur le prix de vente de l'électricité qui sera produite par la centrale. L'attribution du marché de la 2e centrale nucléaire turque, évalué à plus de 16 milliards d'euros, à un consortium mené par les japonais Mitsubishi et Itochu, alliés à l'énergéticien français GDF Suez et au turc EUAS, a été officialisée, vendredi dernier, lors d'une visite en Turquie du Premier ministre japonais Shinzo Abe. M. Oursel a par ailleurs estimé que le succès de l'offre franco-japonaise en Turquie devait beaucoup au gouvernement français, qui a noué la coopération avec le gouvernement japonais et pesé pour qu'il retienne la technologie Atmea. En ce qui concerne la structuration de la filière nucléaire française à l'export, et après les tensions avec EDF au sein de l'équipe de France du nucléaire, cela montre, selon lui, qu'il y a plusieurs combinaisons possibles, aussi bien en France qu'à l'extérieur, avec différents partenaires, au-delà de l'attelage classique Areva/EDF. Une des clefs du succès à l'avenir sur l'ensemble des appels d'offres sera de trouver à chaque fois les combinaisons gagnantes et de ne pas aborder le sujet de façon théorique, selon des schémas préconçus que nous examinerions simplement depuis la France, et de trouver à chaque fois les meilleures formules en termes d'équipes, de partenariats et de technologie, a-t-il plaidé. A ce propos, il a estimé que “l'accord en Turquie démontrait l'intérêt d'avoir maintenant plusieurs cordes à notre arc en matière de gamme de réacteurs, l'Atmea se positionnant en complément de l'EPR, comme lui de 3e génération mais d'une puissance moins plus élevée (1 100 mégawatts pour l'Atmea contre 1.650 MW pour l'EPR)”. Enfin, M. Oursel a estimé que cela pourrait aider le chinois CGNPC, qui avait déposé en Turquie une offre rivale de celle du consortium franco-japonais, à comprendre la pertinence de l'Atmea, et l'intérêt d'une convergence entre ce modèle franco-japonais de réacteur, et le projet de développement d'un réacteur franco-chinois auquel réfléchissent CGNPC, EDF et Areva. Areva plaide depuis le début pour qu'un tel réacteur franco-chinois, qui offrirait une puissance de 1 000 mégawatts, soit inspiré le plus possible sur l'Atmea, réacteur de taille voisine qu'il a codéveloppé avec MHI.