Comment réunir les moyens nécessaires à une consolidation de l'intégration économique maghrébine ? Plus la mondialisation se consolide, plus les pays reconnaissent la nécessité de l'intégration et plus on s'oriente vers la signature d'accords consacrant la constitution de groupements régionaux qui couvrent désormais l'ensemble des continents. L'étude des expériences d'intégrations régionales permet de dégager l'intérêt qu'ont les petits pays à s'intégrer dans des ensembles régionaux. Le secteur privé a joué un rôle très important dans la constitution de ces nouveaux espaces d'intégration. Les opérateurs du secteur privé maghrébin doivent rechercher pleinement des formules de partenariat sud - sud. La question a été au cœur du débat lors des Journées de l'entreprise 2006 organisées à Port El Kantaoui, en Tunisie les 01 et 02 décembre en cours sur le thème : "L'entreprise maghrébine : concurrence et complémentarité ". Selon les organisateurs de cette 21ème édition des Journées de l'entreprise 2006, pas moins de 23 entreprises algériennes, 2 du Bénin, 1 espagnole, 1 égyptienne, 2 américaines, 9 françaises, 3 libanaises, 28 libyennes, 3 maliennes, 26 marocaines, 3 mauritaniennes et 1 togolaise étaient présentes à ces Journées. Soit un total de plus de 80 entreprises. Ce qui dénote, par la participation, du succès de cette manifestation. Il faut dire, d'ailleurs, que le thème est mobilisateur. Et, le fait que des entreprises non maghrébines soient présentes à ce forum montre une fois encore que la région recèle des potentialités humaines et des ressources naturelles que convoitent aujourd'hui les autres pays. A l'évidence, nos entreprises devraient capitaliser sur cette présence massive pour s'internationaliser et s'externaliser davantage. Peut-être, il y va de leur survie. Il faut dire, qu'aujourd'hui, tout le monde s'accorde à dire que la région du Maghreb a des potentialités économiques énormes, mais le manque d'intégration globale fait que la région est en panne en termes d'investissement et d'emploi. Le premier à souligner cela, d'ailleurs, fut Mme Valentine Rugwabiza, directeur général adjoint de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). En effet, dans son intervention par visioconférence, elle a relevé trois points essentiels, à savoir la région recèle des potentialités énormes ;les défis de l'intégration régionale ;les perspectives et opportunités qui figurent dans l'agenda de développement de Doha pour la région. A l'instar des experts, cette représentante de l'ex Gatt a estimé que les potentialités de la région sont énormes, parmi lesquelles : une population de près de 82 millions d'habitants, majoritairement des jeunes ; une économie de plus de 224 milliards de dollars de PNB ; des ressources naturelles et énergétiques abondantes (hydrocarbures, phosphates…) ; un secteur exportateur performant (industrie, agriculture, textile/habillement) ; un secteur des services en pleine croissance, notamment les technologies de l'information et de la communication) comme l'a si bien montré la netteté des images de la visioconférence entre Port El Kantaoui et Genève ; une proximité géographique avec l'un des plus grands acteurs mondiaux à l'OMC, en l'occurrence l'Union européenne, avec plus de 450 millions de consommateurs ; une intégration économique de plus en plus importante du système commercial multilatéral. Sur ce point, le directeur général-adjoint de l'OMC, a indiqué que la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie sont déjà membres de l'OMC, alors que la Libye et l'Algérie suivent le processus d'adhésion. Cependant, observe Mme Rugwabiza, les réalisations de la région, en termes d'intégration interne et globale ne sont pas à la hauteur des potentialités de la région. Et donc d'étayer son argumentation en disant, qu'aujourd'hui, le commerce intrarégional ne se situe qu'à l'ordre de 2% dans le commerce extérieur de la région. Ce qui constitue une part très faible comparée aux échanges commerciaux des autres ensembles régionaux dans le monde. Mais elle demeure convaincue que les participants à ces Journées de l'entreprise vont accorder une place importante à cette question. Ce constat, l'OMC le partage avec plusieurs autres organismes multilatéraux, notamment l'étude réalisée par le Fonds monétaire international (FMI au sujet de la qualification des échanges dans la région du Maghreb. Dés lors, la représentante de l'OMC révèle qu'un certain nombre de pistes ont déjà été identifiées pour développer les échanges dans les pays du Maghreb. Il s'agit, entre autres, d'harmoniser les réglementations : cette harmonisation permettrait de dépasser non seulement les lenteurs administratives, mais de réduire le nombre de procédures administratives pour des coopérations d'importations et d'exportations d'un pays à l'autre ; elle permettrait également de réduire le nombre de distorsions en mettant en place des réformes des douanes tout en atténuant les procédures ;il l faut ajouter à cela le système de paiement et la chaîne logistique y compris les transports et les investissements conjoints, ce qui est de nature à générer des économies substantielles.