La France et le Royaume-Uni préparent une requête pour la commission des sanctions de l'ONU, afin qu'elle reconnaisse comme un groupe terroriste le mouvement Jabhat al-Nosra (Front de la victoire), le plus opérationnel dans les rangs de l'opposition syrienne, écrit le quotidien Kommersant d'hier. Paris et Londres souhaitent ainsi freiner l'influence croissante des islamistes radicaux et renforcer les positions des "forces modérées" qui combattent Bachar al-Assad. Les sanctions contre Jabhat al-Nosra pourrait être l'un des rares cas d'unanimité des cinq membres permanents du Conseil de sécurité concernant la Syrie. En décembre dernier, les USA avaient déjà reconnu le Front pour la victoire comme une branche d'Al-Qaïda. La Russie et la Chine, quant à elles, parlent depuis longtemps de la menace terroriste émanant des rebelles syriens. L'adoption des sanctions contre cette organisation donnerait à Moscou et à Pékin une nouvelle raison de reprocher aux partenaires occidentaux leur soutien à la rébellion. L'infiltration de groupes extrémistes en Syrie est devenue un problème central pour les pays occidentaux opposés à Bachar al-Assad. D'autant que les dirigeants du Jabhat al-Nosra ne pensent qu'il soit nécessaire de cacher leur radicalisme mais au contraire, ils l'affichent par tous les moyens. Il y a un mois, le chef du mouvement Abou Mohamed al-Joulani a publiquement reconnu faire partie d'Al-Qaïda et a prêté serment d'allégeance à Ayman al-Zawahiri - le successeur d'Oussama Ben Laden. Les troupes du Jabhat al-Nosra sont considérées comme les plus opérationnelles et les plus disciplinées de l'opposition syrienne. Elles combattent activement sur plusieurs fronts mais se sont surtout établies à Alep - ville portuaire clé où les combats violents n'ont pas cessé depuis des mois. Les islamistes contrôlent des quartiers entiers de la ville, établissant leurs organismes gouvernementaux sur les "territoires libérés" et instaurant même, par endroits, des tribunaux de la charia. Les djihadistes sont souvent mieux armés que les unités de l'Armée syrienne libre (ASL), plus modérée, sur laquelle misent les pays occidentaux. Et c'est à l'ASL que la France et le Royaume-Uni proposent de fournir des armes, ce à quoi s'opposent leurs partenaires de l'UE, avant tout l'Allemagne et les pays scandinaves. Leur principal argument est l'absence de garanties que les armes envoyées aux forces modérées ne se retrouveront pas entre les mains des alliés radicaux. Ils sont particulièrement préoccupés par les missiles sol-air capables de neutraliser aussi bien l'aviation militaire de Bachar al-Assad que les avions civils. Après l'inscription du Front pour la victoire dans la liste des organisations terroristes par les sanctions de l'ONU, une série de mesures sera automatiquement prise contre celle-ci : l'embargo sur les fournitures d'armements, le gel des comptes bancaires et l'interdiction de se rendre dans les pays étrangers. Toutefois, les experts doutent que ces mesures nuiront à la puissance militaire du Front al-Nosra. L'organisation est financée par les pays du Golfe et ce sans suivre les canaux officiels. Par conséquent, le gel de comptes bancaires inexistants ne risque pas d'effrayer les islamistes. En ce qui concerne l'embargo sur les armes, les jihadistes pourraient facilement le contourner en organisant des transactions avec leurs "camarades de résistance" de l'ASL.
Moscou ne livre pas d'hélicoptères à Damas L'agence russe d'exportation d'armements Rosoboronexport ne livre pas d'hélicoptères à la Syrie, a déclaré hier le chef du département de cette agence en charge des hélicoptères Grigori Kozlov. "Mon département n'a aucune relation avec la Syrie", a souligné le responsable, s'abstenant toutefois de faire des commentaires sur ce pays. Auparavant, la secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton a annoncé que Washington soupçonnait Moscou de livrer des hélicoptères de combat en Syrie, pays en proie à un conflit armé entre le gouvernement et l'opposition depuis plus de deux ans.
La conférence doit se tenir sous l'égide de l'ONU Moscou propose de réunir une conférence internationale sur la Syrie sous l'égide des Nations unies, a déclaré, hier, à Sotchi (Russie) le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à l'issue de négociations avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. "Nous souhaitons que cette conférence se déroule sous l'égide de l'Organisation des Nations unies", a indiqué le ministre lors d'une conférence de presse. Selon lui, la proposition russo-américaine de tenir une conférence internationale sur la Syrie a reçu l'approbation de Ban Ki-moon. "Le secrétaire général a réaffirmé aujourd'hui son soutien à cette initiative", a indiqué M. Lavrov, ajoutant qu'il était désormais très important de régler les questions relatives à la préparation de ce forum. Parmi ces questions, le chef de la diplomatie russe a cité la composition des délégations représentant les autorités de Damas et l'opposition syrienne, ainsi que la liste des pays participants. Moscou insiste notamment sur la participation de l'Iran et de l'Arabie saoudite. Pour être fructueuse, la conférence "Genève 2" doit réunir tous les acteurs internationaux clés, ainsi que les voisins de la Syrie, dont l'Iran. "Bien entendu, l'Arabie saoudite doit être invitée, elle aussi", a affirmé la veille M. Lavrov dans une interview à la chaîne de télévision libanaise Al-Mayadine.