Des manifestants rassemblés, avant-hier, à Lomé malgré l'interdiction des autorités pour protester contre le décès en détention d'un opposant ont été dispersés à coup de gaz lacrymogènes. Le collectif Sauvons le Togo (CST), qui rassemble des membres de l'opposition et de la société civile, et la coalition Arc-en-ciel, qui regroupe cinq partis d'opposition, avaient entamé mardi trois jours de manifestations pour protester contre le décès en détention d'un opposant et pour demander la libération des autres opposants détenus dans l'affaire des incendies de deux marchés en janvier. Après des débordements en marge de la manifestation de mardi, qui ont engendré des dégâts matériels, les autorités togolaises ont décidé d'interdire les manifestations prévues mercredi et jeudi. Les manifestants qui ont décidé de braver jeudi cet interdit ont été rapidement encerclés par les forces de l'ordre et dispersés avec des gaz lacrymogènes. Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu dans les quartiers de Hanoukopé et de Kodjoviakopé, fiefs de l'opposition, où des manifestants avaient dressé des barricades et brûlé des pneus. Le ministre de la Sécurité, le colonel Damehame Yark, a publié un communiqué lu jeudi soir à la télévision nationale, qui fait état d'un policier grièvement blessé, et il a précisé que l'interdiction de manifestation décrétée mardi s'applique à tous jusqu'à nouvel ordre. Le CST et la Coalition Arc-En-Ciel ont réagi également jeudi soir, demandant à l'opinion internationale de dénoncer et condamner cette grave violation du droit de manifestation pacifique, garantie par la Constitution togolaise et exhortant leurs partisans à poursuivre la lutte jusqu'à la satisfaction totale de (leurs) justes revendications et aspirations. “La décision d'interdire nos manifestations est illégale et nous prenons déjà des dispositions pour l'attaquer devant la Cour suprême”, a déclaré Pedro Amuzu, chargé à la communication du CST. Le principal marché de Lomé et le marché de Kara (à 420 km au nord de la capitale) avaient été ravagés par des incendies, en janvier, qui n'avaient pas fait de victime mais occasionné des pertes matérielles. Au total, 35 personnes - pour la plupart des militants de l'opposition - avaient été inculpées, dont 23 ont été placées en détention préventive.