Les manifestations à travers la Turquie ont coûté la vie à quatre personnes, trois manifestants et un policier, a déclaré, hier, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours prononcé au Parlement à Ankara. “Trois jeunes et un policier ont perdu la vie dans les événements”, a dit M. Erdogan devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP). Dans la foulée, l'Association turque des médecins (TBB), qui s'en tenait mardi matin à un précédent bilan de trois morts, a publié un communiqué à la mi-journée confirmant le bilan donné par le Premier ministre Le quatrième mort serait un ouvrier de 26 ans, blessé à la tête lors d'une manifestation dans la capitale Ankara, et proclamé plusieurs fois mort par les médias ces derniers jours. Selon les médias turcs, il a été touché à la tête par plusieurs coups de feu tirés par la police, un scénario qui n'a pas été confirmé par les autorités. Selon la TBB, les troubles qui secouent la Turquie depuis 12 jours ont fait, outre ces quatre morts, un total de 4.947 blessés. La TBB a fait en outre état mardi d'un ouvrier de 47 ans foudroyé par une crise cardiaque en marge des manifestations le 5 juin à Ankara et a annoncé enquêter pour savoir s'il s'agissait d'un décès lié à l'usage des gaz lacrymogènes par la police.
Rencontre aujourd'hui avec les représentants des manifestants M. Erdogan s'entretiendra aujourd'hui avec des représentants des manifestants qui exigent depuis onze jours sa démission, a annoncé le porte-parole du gouvernement à l'issue du conseil des ministres. “Notre Premier ministre a donné rendez-vous à certains des groupes qui organisent ces manifestations. Je crois qu'il en rencontrera certains mercredi. Et d'autres à un autre moment”, a déclaré le vice-Premier ministre Bülent Arinç, sans préciser quels groupes seraient reçus par le chef du gouvernement. “Ils seront informés des faits et notre Premier ministre écoutera ce qu'ils ont à dire”, a poursuivi M. Arinç. Dans son compte-rendu, le vice-Premier ministre a ajouté que les manifestations illégales ne seraient plus tolérées en Turquie, sans fournir de plus amples détails. “Nous vivons dans un Etat de droit. Tout le monde doit être responsable de ses actes dans un Etat de droit”, a-t-il commenté. Interrogé sur le projet d'aménagement de la place Taksim à l'origine des troubles qui secouent depuis plus d'une semaine le pays, M. Arinç a assuré que son gouvernement se conformerait aux décisions de la justice, saisie de plusieurs requêtes. “Il existe une décision de justice suspendant les travaux (de réaménagement) et quatre autres requêtes qui n'ont pas encore été examinées. Pour l'instant, nous nous conformons à la décision de la justice. Si le tribunal décide au bout du compte que (ce projet) n'est pas bon, il serait alors possible de revoir le projet”, a dit M. Arinç. Un tribunal d'Istanbul a suspendu le 31 mai le projet de reconstruction d'une caserne militaire de l'époque ottomane à la place du parc Gezi, situé en bordure de la place Taksim, dont la destruction annoncée a été à l'origine du mouvement de contestation. La police antiémeute reprend le contrôle de la place Taksim Des dizaines de policiers antiémeutes ont repris le contrôle, hier, de la place Taksim à Istanbul, siège du mouvement de protestation antigouvernementale qui secoue la Turquie depuis douze jours. Peu après 07h30 locales (04h30 GMT), les forces de l'ordre, secondées par des blindés munis de canons à eau, ont pris d'assaut les barricades érigées sur certaines avenues menant à la place et dispersé les manifestants à grand renfort de gaz lacrymogènes. Sitôt réinstallés au centre de la place, les policiers ont dispersé dans les rues environnantes des centaines de jeunes manifestants casqués et équipées de masques à gaz, qui ont riposté par des jets de pierres et de cocktails Molotov.