L'Union européenne lancera, bientôt, des cartes de résidence à durée limitée “Blue EU labour card”. Des cartes qui permettront à leurs détenteurs, notamment ceux qui disposent d'une haute qualification dans les nouvelles technologies, de travailler dans l'union, a annoncé jeudi le vice-président de la commission européenne, M. Franco Frattini qui compte, à la fin du mois d'octobre prochain, proposer une directive qui établirait les critères communs aux 27 pays membres de l'UE pour établir ces cartes, d'une durée de deux ans, renouvelables à certaines conditions. Les détenteurs de cette carte d'admission à l'UE pourront travailler pendant deux ans dans le premier pays d'accueil de l'UE. Cependant, ils pourront, après ce délai et sous certaines conditions, se déplacer vers un autre pays membre de l'UE, indique M. Frattini dans une conférence de haut niveau sur les migrations légales à Lisbonne. Des dispositions qui s'appliqueront aux immigrés légaux et aux étudiants de pays tiers. Quant aux immigrants hautement qualifiés, la durée de validité de ces "Blue EU labour card" seront plus longue et autoriseront l'établissement dans tous les pays de l'UE. Les critères communs de ce nouveau procédé d'immigration toucheraient le contrat de travail, le niveau moyen de rémunération et les qualifications professionnelles. Ceci dit, ce projet concernera non seulement les pays africains et ceux du pourtour méditerranéen mais également les autres pays voisins d'Europe de l'Est. Une autre directive établissant les droits socioéconomiques des travailleurs immigrés légaux en provenance des pays hors UE sera proposée le mois d'octobre prochain et, à l'horizon 2008, une réglementation touchant les travailleurs saisonniers sera également préparée. Le vice-président de la CE, argue de la dénatalité et du vieillissement de la population européenne, du manque de main-d'œuvre hautement qualifiée et de la concurrence des pays comme les USA, le Canada, l'Australie et autres pays asiatiques qui attirent les compétences, notamment en provenance des pays du Tiers Monde, sachant bien que, selon le membre de la Commission européenne, l'UE reçoit 85% d'immigrés non qualifiés et seulement 5% de main-d'œuvre qualifiée, contrairement aux Etats-Unis qui accueillent 55% des travailleurs qualifiés et 5% seulement de main-d'œuvre non qualifiée. Bien que la population globale de l'UE a augmenté à 490 millions de personnes du fait de son élargissement à 27 membres, celle-ci déclinera à partir de 2025 et la population en âge de travailler diminuera à partir de 2011, tandis que les plus de 65 ans constitueront le tiers de cette population. Ce qui fait que d'ici, 2050, un tiers de la population globale, soit plus de 160 millions de personnes, sera âgé de plus 65 ans, estime le vice-président de la CE avant d'ajouter que le manque de main-d'œuvre et de qualification est déjà apparent dans certains secteurs, et cette tendance est appelée à se poursuivre. Déjà, quelques Etats membres, à l'instar de l'Allemagne, Hongrie, Italie et de la Lettonie éprouvent un déclin dans leur population en âge de travailler, alors que d'autres connaîtront la même tendance dans les années à venir. C'est dans cette perspective que l'UE expérimente "l'immigration circulaire" qui consiste à organiser des migrations vers les pays membres de l'UE pour une durée limitée et en fonction des besoins de ces pays. Ouvert à cet effet, le "centre de gestion des migrations" expérimental de Bamako bénéficiera d'un budget de 10 millions d'euros dans les jours à venir, et aura pour objectif l'amélioration de la connaissance des modèles de migration, un bon accueil et une bonne orientation des candidats à l'immigration ainsi que le contrôle des retours. Anticipant les critiques que peuvent susciter ces mesures, M. Frattini assure que des études montrent que l'immigration de la main-d'œuvre hautement qualifiée est bénéfique aux pays d'origine qui bénéficieront du transfert des revenus. Cependant, dans ces pays et pour certains secteurs, notamment en Afrique, l'UE s'interdira ou limitera cette politique active de recrutement, précise-t-il, sans faire part de garanties. Parallèlement à cette immigration choisie, l'UE entend combattre l'immigration illégale par la poursuite du renforcement des frontières extérieures de l'UE et la lutte contre l'emploi illégal dans les pays membres de l'union. Quant au troisième volet de cette politique, il vise à assurer l'intégration des étrangers en Europe. Le vice-président affirme à la fin que tous les pays de l'UE doivent unir leurs efforts afin d'œuvrer pour accumuler et poursuivre une approche positive d'intégration. Selon un récent rapport de la Commission européenne 18,5 millions d'étrangers, soit 4% de la population totale de l'UE, sont présents sur le territoire de cette dernière en janvier 2006.