Le Comité de politique monétaire de la Banque centrale américaine (FOMC) s'est montré partagé sur la suite à donner à la politique monétaire ultra-accommodante de la Fed, une moitié des participants proposant de cesser de racheter des actifs en fin d'année, les autres préférant continuer en 2014, selon les minutes de la Fed publiées mercredi. Sur les 19 membres du FOMC, "la moitié des participants a indiqué qu'il serait probablement approprié de cesser les achats à la fin de l'année", selon les minutes de leur dernière réunion, les 18 et 19 juin. "Beaucoup d'autres participants prévoient qu'il sera nécessaire de les poursuivre en 2014", ajoutent les minutes. La Banque centrale américaine achète chaque mois depuis le début de l'année 85 milliards de dollars de bons du Trésor et titres hypothécaires pour soutenir la reprise et influencer les taux à la baisse. Sur le front des taux d'intérêt, ils sont une large majorité (14) à penser que le taux directeur ne devrait pas augmenter avant 2015. Quatre d'entre eux toutefois pensent qu'une hausse du taux directeur "serait appropriée" en 2013 et 2014. "Tout en reconnaissant les progrès d'un certain nombre d'indicateurs économiques et des conditions du marché de l'emploi depuis l'automne, beaucoup de participants ont estimé qu'une plus grande amélioration du marché du travail serait nécessaire avant de ralentir les achats d'actifs", dit le texte. Le taux de chômage est demeuré à 7,6% en juin, selon le chiffre du département du Travail publié après la réunion du FOMC. La Fed prévoit qu'il descendra cette année entre 7,2% et 7,3%, et a lié sa politique de rachats d'actifs aux performances de l'emploi.
Stratégie de communication discutée Plusieurs membres du FOMC ont souligné que ces injections de liquidité avaient aidé l'expansion économique et que les bénéfices qu'elles apportaient continuaient de surpasser leurs coûts. "Quelques participants toutefois (...) ont estimé que le Comité devrait limiter les coûts potentiels de cette initiative en ralentissant voire stoppant ces achats dès la réunion de juin", ajoute le document. Au cours de leur dernière réunion, les membres du FOMC ont aussi longuement discuté de la stratégie de communication de la Fed, notant "la récente volatilité des marchés financiers". La Bourse a connu des séances agitées dès avant la réunion du FOMC lorsque fin mai, le président de la Fed avait laissé entendre devant le Congrès que les injections de liquidité ralentiraient "dans les mois qui viennent". "Le Comité devrait fournir plus de clarté sur son programme d'achats d'actifs bientôt", estimait la plupart des participants. Ils ont ainsi encouragé le président de la Fed, Ben Bernanke, à "décrire la route probable qui sera suivie pour les achats d'actifs au cours des prochains trimestres, en fonction de l'état de l'économie". Les participants ont également insisté sur le fait qu'il fallait "clarifier l'idée que les décisions concernant les rachats d'actifs sont indépendantes des décisions concernant les taux d'intérêt". Le Comité de politique monétaire est constitué de sept gouverneurs et des présidents des douze antennes de la Fed, soit 19 membres mais seulement 12 d'entre eux votent, les gouverneurs et cinq présidents. Lors de la dernière réunion, deux membres avaient voté contre la décision de la Fed de poursuivre les achats d'actifs.
Une politique monétaire accommodante encore nécessaire Le président de la Banque centrale américaine a estimé que la situation de l'emploi comme celle de l'inflation nécessitaient encore une politique monétaire très accommodante. "Je crois, que dans un futur prévisible, on peut conclure qu'une politique monétaire hautement accommodante est nécessaire pour l'économie américaine", a déclaré M. Bernanke, après un discours sur le centenaire de la Réserve Fédérale à Cambridge (Massachusetts, nord-est). Soulignant le double mandat de la Fed qui doit promouvoir le plein emploi et la stabilité, M. Bernanke a déclaré: "actuellement nous avons un taux de chômage de 7,6% (...). Donc, nous n'atteignons pas la première partie de notre mandat. En matière de stabilité des prix, l'inflation est autour de 1%, ce qui est bas, en dessous de notre objectif de 2%". "Donc les deux parties de notre mandat, l'emploi comme l'inflation nous disent qu'on a encore besoin d'être accommodants", a déclaré Ben Bernanke.