L'un des deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle au Mali, Soumaïla Cissé, a exigé que des mesures concrètes soient prises pour juguler la fraude qui a caractérisé, selon lui, le premier tour du 28 juillet. L'arbre de la grande mobilisation du peuple malien le 28 juillet ne doit pas cacher la forêt de l'impréparation, de la mauvaise organisation et de la fraude qui ont caractérisé le premier tour de l'élection présidentielle, a déclaré M. Cissé lors d'une conférence de presse à Bamako. En vue du second tour prévu le 11 août, il a invité le gouvernement et les partenaires du Mali à prendre des mesures rigoureuses pour permettre l'expression claire et nette de la volonté du peuple. Le 28 juillet dernier, des milliers, voire des dizaines de milliers de Maliens ont erré pendant des heures, à l'intérieur comme à l'extérieur, sans retrouver leurs bureaux de vote ou leurs noms sur les listes électorales, a affirmé Soumaïla Cissé. Face à ces ratés, ces dysfonctionnements, cette mauvaise organisation dont la responsabilité incombe au seul gouvernement, il a exigé que des mesures concrètes soient prises pour juguler la fraude en mettant fin au système de bureaux de vote parallèles et officieux, en sécurisant le bulletin de vote et le processus de dépouillement. Il a indiqué qu'il allait déposer beaucoup de recours devant la Cour constitutionnelle, car nous avons beaucoup de PV (procès-verbaux) incohérents, avec un nombre de votants inférieur aux suffrages exprimés. Par ailleurs, a-t-il dit, " nous sommes étonnés du nombre élevé de bulletins nuls (plus de 400 000). Nous allons demander à la Cour constitutionnelle de regarder les bulletins nuls. Beaucoup de bulletins ont été annulés par la volonté des directeurs de bureaux de vote qui faisaient semblant de ne pas connaître la loi et les résultats vont changer ". Il s'est néanmoins déclaré confiant dans sa victoire au second tour qui l'opposera à Ibrahim Boubacar Keïta. " Notre victoire, la victoire du Mali, est toute proche! Ensemble, nous restaurerons la paix au Nord, nous rétablirons la sécurité et la stabilité dans le pays. Ensemble, nous saurons combattre les bandits, les terroristes et le terrorisme ", a-t-il affirmé. Il a indiqué qu'il allait travailler avec ses alliés pour conclure des accords définitifs dans les 48 heures. La logique voudrait que les voix de Dramane Dembélé et Modibo Sidibé, arrivés respectivement troisième et quatrième et qui représentent 14,5% des voix, se reportent sur Soumaïla Cissé. M. Cissé est, comme eux, membre du Front pour la démocratie et la République (FDR), coalition de partis et de mouvements de la société civile créée après le coup d'Etat du 22 mars 2012 qui avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes djihadistes. Ibrahim Boubacar Keïta, cacique de la vie politique, est arrivé largement en tête du premier tour avec 39,2% des voix, devant Soumaïla Cissé, économiste qui a obtenu 19,4%, selon les résultats officiels publiés avant-hier.