Saïdani est désigné pour assurer la continuité et non la rupture. Pourquoi une rupture et avec quoi et qui ? Il est fort normal que les défis à relever et les enjeux à gagner sont ceux de la continuité pour le camp du pouvoir. Ce dernier ne va quand même pas travailler pour son opposition. Comment mobiliser toutes les forces disponibles pour assurer la continuité ou, à l'inverse, assurer la rupture ? On parle beaucoup de politique et de centrage sur les enjeux de pouvoir, surtout dans les rangs de l'opposition. Il y en a (il y en aura toujours) qui soutiendront qu'en réalité c'est la rente pétrolière qui est au centre des enjeux. Ceux-là estiment que tant que le consensus sur les orientations fondamentales du système économique ainsi que les règles du jeu économique ne font pas l'objet d'une transaction, il sera difficile de faire progresser le pays vers les objectifs assignés. C'est à la classe politique, avec des arrière- pensées d'hommes d'affaires, qu'incombe de réaliser des compromis, mais cela serait-il possible quand chaque camp définit par rapport à l'autre une vision éradicatrice, c'est-à-dire l'éliminer du champ du partage de la rente ? Nous savons réfléchir continuité, linéarité mais jamais rupture. Aucun processus n'est prévu avec l'intégration d'éléments de rupture, d'inflexion de la tendance constatée. Une continuité à assurer ? Il y a à propos de ce concept de profondes divergences de part et d'autre de la ligne de fracture entre le pouvoir et l'opposition. Continuité signifie que ce sont les mêmes qui vont décider de l'avenir du pays. Pour le moment, il faudrait bien admettre que chaque camp est sourd envers l'autre et que chacun demeure emmuré dans ses convictions. Face aux recommandations à aller vers un consensus, c'est toujours l'un qui a tort et l'autre responsable de ce que le compromis est devenu impossible et que l'économie ne soit pas toujours relancée, et que continuent à exister des frictions intercommunautaires. Comme si tout cela ne suffisait pas, il nous faudrait encore noircir le tableau avec des guerres pour s'assurer une hégémonie. Si on se place du côté des partis qui disent parfois représenter la majorité, parfois la majorité présidentielle, il faut assurer la continuité tandis que leurs adversaires affirment qu'il faudrait assurer la rupture, nous pourrons dire que nous ne sommes pas encore tout à fait sortis de l'auberge.