La Banque centrale de Russie a maintenu cette semaine son principal taux directeur à 8,25%, expliquant que l'inflation restait trop élevée pour assouplir sa politique monétaire malgré le ralentissement de la croissance. Dans un communiqué publié à l'issue de sa réunion mensuelle de politique monétaire, la Banque de Russie estime que le niveau actuel de ses taux "garantit l'équilibre entre les risques inflationnistes et les risques de faible activité économique dans un futur proche". "Si la tendance actuelle se confirme, la probabilité d'un maintien des taux est très probable" lors de la réunion d'octobre, a renchéri la présidente de l'institution, Elvira Nabioullina, citée par les agences russes. La banque centrale a annoncé en parallèle le lancement d'un "taux de référence" à 5,50%, basé sur des opérations sur une semaine, destiné à devenir l'élément essentiel de sa politique monétaire à la place du taux de refinancement actuel. Cette mesure est destinée à "améliorer la transparence de la politique monétaire", a-t-elle expliqué. Les économistes étaient divisés quant à la décision de l'institution, sous une pression croissante pour réduire ses taux alors que l'activité économique semble au point mort. La croissance n'a atteint que 1,4% au premier semestre sur un an et, corrigée des importants facteurs saisonniers, elle a même subi les deux trimestres d'évolution négative qui caractérisent une récession. La banque centrale souligne que le rythme de la croissance a "ralenti de manière substantielle au deuxième trimestre, essentiellement en raison du recul de l'activité industrielle et de la construction". Elle relève l'existence de "risques de persistance d'une faible croissance économique liée à un niveau modeste d'investissements et une reprise lente de la demande extérieure". Les autorités russes parlent de "stagnation" et tablent sur une accélération en fin d'année qui permettrait une croissance de 1,8% sur l'année, contre 3,4% en 2012 et 4,3% en 2011. Mme Nabioullina a estimé que le coup de frein actuel avait un caractère "structurel" et que la croissance ne pourrait accélérer qu'au prix d'une augmentation de la productivité, le chômage était déjà à un niveau historiquement bas autour de 5%.
Inflation estimée à 6,3% l'an "Il est peu probable que les outils de relance monétaire soient efficaces", a poursuivi cette proche de Vladimir Poutine, en fonction depuis le début de l'été, secondée depuis cette semaine par une autre ex-conseillère du Kremlin, Ksenia Ioudaeva. En revanche, la banque centrale rappelle que l'inflation, qu'elle estime actuellement à 6,3% en glissement annuel, reste au-dessus de son objectif (entre 5% et 6%), l'empêchant d'ouvrir le robinet du crédit au risque d'alimenter un nouvel emballement des prix. "L'inflation devrait revenir au niveau visé d'ici à la fin de l'année" et "va continuer à ralentir en 2014", avance-t-elle. "Les autorités semblent s'orienter vers un assouplissement monétaire, mais très progressif", ont estimé les économistes de Capital Economics. Outre la rapide augmentation des prix à la consommation, les économistes jugent que la banque centrale est réticente à abaisser ses taux de peur d'aggraver la chute du rouble, qui a déjà perdu près de 10% depuis le début de l'année. Un assouplissement monétaire aurait pour effet de réduire l'attractivité de la monnaie russe pour les investisseurs par rapport aux autres monnaies. L'affaiblissement du rouble renchérit en outre les produits importés, ce qui risque de doper de nouveau l'inflation. L'institution a procédé à quelques ajustements à la marge de son arsenal, en réduisant le taux de ses prêts au jour le jour de 8,25% à 6,50%, augmentant le taux de certaines opérations à une semaine, et en ajoutant à sa politique monétaire un nouveau type de prêt à trois mois à taux flottant.