Les milieux économiques algériens, autant que le gouvernement, ne semblent pas près de perdre de vue les retombées et les conséquences qu'a générées la pénurie en poudre de lait ces derniers mois. En effet, après avoir mobilisé tous les moyens nécessaires pour gérer les perturbations qu'a connues le marché du lait suite à la flambée des prix de ce produit sur le marché international, l'heure est actuellement à la réflexion sur la mise en place des moyens adéquats pour renforcer la production locale et réduire, par ricochet, la dépendance de l'Algérie des aléas du marché mondial. A cet égard, c'est le président de la fédération agroalimentaire, affiliée à la Cipa (Confédération des industriels et des producteurs algériens) qui a affirmé, hier, que le gouvernement compte renforcer désormais la production locale de lait ainsi que le réseau de collecte pour réduire le recours systématique à l'importation pour répondre à la demande nationale en produits laitiers. Dans sa démarche, le gouvernement s'est tracé l'objectif de réduire de 5 à 10% le volume de l'importation de la poudre de lait selon le même responsable de l'organisation patronale. La concrétisation de cet objectif débutera, en première étape, par une nouvelle stratégie visant à booster le secteur agricole dans la filière élevage. A cet égard, le président de la fédération agroalimentaire de la Cipa, M. Abdelouahab Ziani, a recommandé à ce que "chaque producteur de lait doit avoir un petit cheptel de vaches pour réduire l'importation de la poudre de lait. Nous voulons réduire la facture d'importation de la poudre de lait de 5 à 10% par an". De l'avis des observateurs du marché national de l'agroalimentaire, l'Algérie a tous les atouts pour atteindre cet objectif, sachant que la consommation nationale est de l'ordre de 3,5 milliards de litres annuellement alors que la production locale est de l'ordre de 2,2 milliards de litres, selon les chiffres avancés par le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub. En conséquence, le manque à gagner n'est que de 1,3 milliard de litres par année. En d'autres termes, la production locale en matière de lait ne couvre actuellement la demande nationale qu'à hauteur de 62%. Pour le reste, soit 38%, le gouvernement a recours à l'importation de la poudre de lait qui coûte annuellement au Trésor public une facture qui s'élève à 900 millions de dollars. Mais depuis le mois de mars dernier, avec la décision de subventionner les producteurs de lait à hauteur de 15 DA pour chaque litre produit, cette facture a sensiblement augmenté, et ce, dans l'unique but qui consiste à maintenir le prix du sachet d'un litre de lait pasteurisé à 25 DA, tandis que les produits laitiers dérivés, eux, ont connu des augmentations substantielles. Le gouvernement compte, ainsi, canaliser le processus de développement de la production locale de lait à travers l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) nouvellement créé et qui regroupe, de surcroît, l'ensemble des acteurs intervenant dans la chaîne de production laitière. C'est à travers cet organisme que seront définis les mécanismes de renforcement de la production nationale pour réduire, par la suite, la facture d'importation de la poudre de lait.