L'Espagne ne retirera pas ses troupes déployées en Afghanistan malgré les pertes subies, a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse à Madrid le ministre espagnol de la Défense José Antonio Alonso, après le décès lundi de deux soldats espagnols dans le pays. Le véhicule blindé d'un convoi a explosé en roulant sur une mine, emportant la vie de deux soldats espagnols et en blessant six autres, dont trois grièvement. "Nous ne rappellerons pas, malgré les pertes subies, les soldats qui participent à la mission humanitaire de l'OTAN en Afghanistan avec l'approbation de l'ONU", a déclaré le ministre. José Antonio Alonso doit intervenir mercredi au parlement pour qu'il autorise l'envoi de 52 soldats, en plus des 690 militaires déjà déployés dans deux bases de l'ouest de l'Afghanistan. Ces troupes supplémentaires, comme l'a rappelé M. Alonso, seront chargées de la formation des soldats afghans conformément à une décision de l'Alliance prise en février 2007 à Séville. L'envoi d'un nouveau groupe de soldats en Afghanistan est soutenu au parlement par le Parti populaire (opposition), qui insiste cependant pour que le gouvernement socialiste reconnaisse que "les troupes espagnoles ne sont pas impliquées dans une mission humanitaire, mais dans des opérations militaires de lutte contre le terrorisme international". Le groupe parlementaire de la Gauche unie (Izquierda Unida) dirigé par Gaspar Llamazares s'oppose quant à lui à un nouvel envoi et exige le retrait immédiat des troupes d'Afghanistan. Des observateurs madrilènes indépendants sont d'avis que l'attaque perpétrée contre les soldats espagnols a été menée afin d'influer sur la décision du gouvernement relative à l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. Une attaque similaire, au cours de laquelle six soldats avaient été tués, a été perpétrée fin juin dernier, reportant de trois mois l'allocution de M. Alonso devant le parlement. "Il semble que la résistance afghane suive minutieusement les moindres nuances de la politique espagnole et frappe uniquement quand c'est avantageux d'un point de vue politique", a déclaré un commentateur politique sous couvert de l'anonymat à la radio espagnole. 83 soldats espagnols envoyés en Afghanistan sont décédés au cours de leur mission.