La conférence internationale Genève-2 sur la Syrie devrait avoir lieu en novembre. Cependant, les négociations pourraient être involontairement empêchées par les Américains qui sont tout aussi intéressés par le succès de la diplomatie que tous les autres acteurs de la crise syrienne, a écrit hier le quotidien " Rossiïskaïa gazeta ". Alors que pleuvent les communiqués sur le défaut de paiement imminent des USA, voire l'arrêt complet du travail du gouvernement américain, les déclarations du secrétaire d'Etat John Kerry disant que l'Amérique serait tout de même prête à déclarer la guerre à la Syrie en cas de besoin, semblent de plus en plus étranges. Pourquoi ? Car attaquer Damas coûterait des dizaines de milliards de dollars au contribuable américain, alors même que Washington économise aujourd'hui chaque million pour colmater les brèches du budget. En d'autres termes, le chef de la Maison- Blanche n'a certainement pas la tête à la Syrie à l'heure actuelle. Kerry passe donc au premier plan en termes de politique étrangère, avec pour objectif que la crise syrienne débouche sur une solution diplomatique. Et il semble y parvenir, en duo avec son homologue russe Sergueï Lavrov : vendredi dernier le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution sur la Syrie qui convient aussi bien à Moscou qu'à Washington. Mais la partie que Kerry joue maintenant semble très floue et compliquée. De toute évidence, la conférence de paix Genève-2 est appelée à devenir le maillon suivant de la chaîne diplomatique. La Russie a rempli sa part des accords préalables : le gouvernement syrien est prêt à envoyer sa délégation aux négociations. En revanche, l'Amérique n'arrive pas à maîtriser ses "protégés". Kerry a laissé entendre à plusieurs reprises qu'il pourrait, au moment voulu, faire s'assoir l'opposition syrienne à la table des négociations. En réalité, de plus en plus de sources syriennes rapportent qu'une véritable guerre a commencé entre les rebelles, qui se disputent les territoires contrôlés. Les unités d'Al-Qaïda connaissent le plus de succès, en combattant leurs alliés d'autrefois. Il a notamment été annoncé que l'Etat islamique en Irak et au Levant (branche d'Al-Qaïda) avait déclaré la guerre à l'Armée syrienne libre (ASL) d'opposition. Par ailleurs, l'ASL est accusée de coopération avec les renseignements américains et allemands, d'accaparation de frets humanitaires et même d'aide à l'armée syrienne gouvernementale lors d'un combat. A son tour, l'ASL a annoncé un début d'opération pour rétablir le contrôle de la province d'Alep. Toutefois, les observateurs du pays sont persuadés que les "modérés" n'ont pas la force de le faire. Dans les régions adjacentes à la frontière turco-syrienne les combats font rage entre divers groupes de l'opposition. On prédit l'établissement d'un contrôle d'Al-Qaïda sur les ressources pétrolières, agricoles et l'eau dans le nord de la Syrie. De plus, les membres d'Al-Qaïda ont commencé à intercepter de plus en plus souvent les livraisons d'armes prévues pour les révolutionnaires "modérés". Si l'ASL perdait la bataille entre les rebelles, John Kerry n'aurait probablement personne à présenter pour Genève-2. Après tout, le département d'Etat américain n'a certainement pas l'intention de faire venir des membres d'Al-Qaïda pour négocier avec la délégation de Damas. Quant à l'opposition dite "extérieure", elle n'a pratiquement jamais disposé de leviers de pression pour influer sur les événements en Syrie.
L'ASL critique l'accord sur la destruction des armes chimiques L'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) considère que l'accord sur la destruction des arsenaux chimiques nuit aux intérêts du peuple syrien, car il ne prévoit pas de sanctions contre le président Bachar el-Assad, a annoncé sur la radio France Inter Kassem Saadeddine, un commandant rebelle syrien. "Le récent accord sur les armes chimiques a porté une atteinte sérieuse aux intérêts des Syriens. 150 000 martyres, 300 000 prisonniers, des millions de réfugiés. En dépit de ces chiffres, la communauté internationale s'occupe de la chimie et non pas du peuple victime. Le récent accord ne comprend aucune mesure contre Assad", a indiqué le représentant de l'ASL. Le 27 septembre, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques a validé le projet de démantèlement des arsenaux chimiques en Syrie. Conformément à ce document, l'inspection des sites concernés doit débuter le 1er octobre au plus tard. A compter du 27 septembre, les inspecteurs internationaux devront examiner sous 30 jours tous les sites d'armes chimiques déclarés par Damas. L'équipement servant à fabriquer les armes non-conventionnelles devra être détruit avant décembre prochain, quant au démantèlement de l'ensemble des arsenaux chimiques de Damas, il est programmé pour la première moitié de l'année 2014.
Réfugiés syriens: Moscou débloque 10 millions de dollars d'aide Moscou a versé 10 millions de dollars au Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en soutien aux Syriens et envisage de poursuivre son aide, a annoncé Alexeï Borodavkine, délégué permanent de la Russie auprès des Nations unies et d'autres organisations à Genève. "Rien que pour satisfaire les besoins des réfugiés syriens au Liban et en Jordanie, le gouvernement russe a versé 10 millions de dollars dans le budget du HCR. Par ailleurs, le ministère russe des Situations d'urgence avait antérieurement fourni des centaines de tonnes de fret humanitaire destiné aux réfugiés syriens dans les pays voisins de la Syrie.'' Nous confirmons en outre notre empressement à poursuivre notre assistance", a indiqué M. Borodavkine cité par le service de presse de la diplomatie russe. Selon le responsable russe, Moscou aide les réfugiés syriens aussi bien par le biais des organisations internationales que par des canaux bilatéraux. A ce jour, la Russie a versé des dizaines de millions de dollars au HCR, au Comité international de la Croix-Rouge, au Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) et au Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). Borodavkine a en outre précisé que le conflit syrien avait fait près de 5 millions de déplacés à l'intérieur du pays, chiffre deux fois supérieur au nombre de réfugiés. "La dégradation de la situation humanitaire en Syrie et autour de ce pays est liée en majeure partie aux sanctions économiques unilatérales impliquées en contournement du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous appelons à leur levée immédiate", a conclu le responsable russe.