Damas demandera un cessez-le-feu en cas de conférence internationale "Genève II" dont la préparation est confiée à l'ambassadeur algérien, Lakhdar Brahimi. Cette annonce a été faite par Qadril Jamil, vice-Premier ministre syrien, dans une interview accordée au Guardian de Londres. Le régime syrien, qui est passé à la contre-offensive médiatique depuis l'accord russo-américain de Genève sur la destruction de son arsenal chimique sous la supervision de Moscou, Washington et l'ONU, et la remise sur les rails des négociations pour la solution politique, a enfin admis que le conflit entre lui et la rébellion a abouti à une "impasse" et qu'il se pliait au jeu diplomatique préconisé par la communauté internationale, y compris les Etats-Unis même si dans un souci de baroud d'honneur, le président Obama montre encore ses crocs. Damas, jusqu'ici intransigeant, a poli ses angles par la voix de Bachar al-Assad qui s'est exprimé coup sur coup dans les plus grandes chaînes d'info américaines, CBS et Fox News, et par celle de son vice-Premier ministre qui a révélé que la guerre a déjà coûté environ 100 milliards de dollars. A quoi, pour être complet, il faille ajouter les 100 000 morts recensés par l'Observatoire syrien des droits de l'homme et les millions de réfugiés qui ont fui la tenaille régime-rébellion armée. "Ni l'opposition armée ni le régime ne sont capables de vaincre le camp adverse", un lourd aveu qui exprime la volonté de Damas d'ouvrir la page des négociations. Evidemment que Moscou, principal allier de Bachar al-Assad n'est pas étranger à la subite ouverture de celui-ci. La Russie, qui a inauguré son grand retour sur la scène internationale avec son offre de mettre sous séquestre internationale les armes chimiques de la Syrie, a elle aussi fini par admettre l'impasse de la crise et surtout sa perspective de sombrer dans le chaos avec la perte de ses intérêts militaires et géostratégiques dans ce pays au cœur du Moyen et Proche-Orient. Plus que cela, le président Vladimir Poutine a fait état de sa crainte de voir Damas tomber entre les mains d'islamistes radicaux qui se propageront dans l'Asie musulmane où subsistent encore des foyers djihadistes. La Syrie demandera un cessez-le-feu en cas de nouvelle conférence internationale baptisée "Genève II", a assuré Qadri Jamil. L'initiative de cette nouvelle conférence internationale rassemblant notamment représentants du gouvernement syrien et de l'opposition, a été lancée début mai par les chefs des diplomaties russe et américaine, Sergueï Lavrov et John Kerry, en présence de Lakhdar Brahimi, médiateur de l'ONU et, accessoirement, de la Ligue arabe pour la crise syrienne. Mais la rébellion très divisée et otage pour ainsi dire d'Islamistes radicaux proches d'Al-Qaïda, continent de jouer aux trublions, réclamant d'abord le départ du président syrien Bachar al-Assad avant d'envisager des négociations. Auparavant, son Premier ministre, proche de l'Arabie Saoudite qui a pris le relais du Qatar, parrain des fameux printemps arabes, devait rejeter l'accord russo-américain avant de laisser tomber sa position en porte-à-faux avec le soulagement dans le monde. La rébellion qui compte sur le club de ses amis, attend sa réunion en marge de l'Assemblée générale de l'ONU alors que le puzzle de la guerre syrienne est bouclé et que la suite se jouera au sein du Conseil de sécurité. L'annonce de Bachar al-Assad d'aller à Genève II pour mettre fin à toute intervention extérieure, conclure un cessez-le-feu et lancer un processus politique pacifique de sorte que "le peuple syrien puisse déterminer son avenir de manière démocratique et sans influence extérieure", a coupé l'herbe sous le pied de la rébellion et des 11 membres du club de ses amis. Si l'idée d'un cessez-le-feu est acceptée par les rebelles, il devrait être placé sous observation internationale à condition que les observateurs viennent de pays "neutres et amicaux", a complété Qadri Jamil, dont le monde a retenu cette déclaration lourde de sens : "Ne laissons croire à personne que le régime dans sa forme actuelle se maintiendra. Pour de multiples raisons concrètes, c'en est fini du régime tel qu'il a existé. Pour réaliser nos réformes progressistes, nous avons besoin que l'Occident et tous ceux qui sont impliqués en Syrie arrêtent d'être sur notre dos." D. B Nom Adresse email