Le dernier rapport annuel de la Banque mondiale, Doing Business 2008, publié hier, révèle la grande volonté réformatrice des pays émergents pour faciliter les affaires. L'Europe de l'Est dépasse même l'Extrême-Orient. ... L'Algérie est classée 116e par le rapport annuel conjoint de la Banque mondiale et de sa filiale, la Société financière internationale (SFI), sur l'environnement des affaires, plus connu sous le nom "Doing Business". La Tunisie, qui recule de trois points en 2006 par rapport à 2005, exercice au cours duquel elle avait été classée 77e, devance de loin tous les autres pays maghrébins, car le Maroc se situe au 115e rang, l'Algérie au 116e ; mais elle vient après cinq autres pays arabes : Arabie Saoudite (38e), Koweït (46e), Oman (55e), les Emirats Arabes Unis (77e) et la Jordanie (78e). Axé sur l'évaluation de la réglementation et la protection des droits de propriété et leurs effets sur les entreprises, ce rapport, très attendu par les investisseurs, en cette période de reprise, classe les pays en fonction de la facilité d'y faire des affaires (de 1-175), la première place indique le plus haut niveau de facilité. Pour créer une société au Mozambique, 153 jours en moyenne sont nécessaires à un entrepreneur, contre 2 jours en Australie. Cinq mois de paperasse séparent ces deux pays. Tel est l'un des nombreux exemples mis en avant dans un rapport de la Banque mondiale publié mardi 13 septembre et intitulé "Doing Business in 2008". Cette étude annuelle mesure le "climat d'investissement" dans 155 pays selon dix critères relatifs à la création, au fonctionnement et à la liquidation des entreprises. Première conclusion des auteurs du rapport, les contraintes administratives réfrènent encore trop souvent les initiatives entrepreneuriales. Autant d'obstacles bureaucratiques qui plombent la création d'emplois. La preuve en est, selon l'institution, qu'en Nouvelle-Zélande, première du classement, le taux de chômage est de 4,7 %, contre 10,9 % en Grèce (80e), lanterne rouge européenne. Et d'exhorter les nations à suivre l'exemple des pays de l'Europe de l'Est, qui ont tous amélioré, depuis un an, au moins un aspect de leur réglementation économique. En témoigne l'exemple de la Serbie-Monténégro (92e). Le pays arrive en tête des nations réformatrices, les délais pour ouvrir une usine ayant diminué de 70 % (15 jours contre 51 l'an dernier) et le capital requis pour se lancer ayant été ramené de 5 000 à 500 euros. Dans leur ensemble, les pays européens se montrent les plus prompts à réformer. Outre la Serbie-Monténégro, des Etats comme l'Allemagne (19e), la Finlande (13e) et les Pays-Bas (24e) ont compris l'intérêt d'assouplir l'environnement des affaires. Quant à la France, classée 44e, entre la Jamaïque et la République de Kiribati, ses lourdeurs bureaucratiques entraînent toujours des coûts d'opportunité importants. 185 jours en moyenne sont notamment nécessaires à un entrepreneur pour obtenir une licence. Autre continent, autre constat, le rapport relève la faible performance des pays africains. En Sierra Leone (136e), payer toutes les taxes professionnelles coûterait à une entreprise 164 % de ses bénéfices bruts. En Syrie (121e), de l'arrivée des marchandises au port à leur livraison à l'usine, 63 jours, 18 documents et 47 signatures sont nécessaires. Malgré tout, plusieurs réformes ont été mises en place en Afrique, parmi lesquelles la simplification de la législation des douanes et du crédit au Rwanda (139e et 11e au classement des pays réformateurs) ; l'instauration du travail continu dans le port de Nouakchott en Mauritanie (127e), la simplification des procédures de recouvrement des dettes au Burundi (143e) - l'intervention d'huissiers privés est dorénavant autorisée, ce qui permet de réduire les retards dans les tribunaux ; ou encore l'allégement de la fiscalité au Ghana (82e), au Sénégal (132e) et en Tanzanie (140e). Selon le rapport, les taxes prélevées en Afrique atteignent des sommets. Les taxes commerciales en Mauritanie sont si importantes qu'une diminution de 20 % permettrait à une entreprise d'accroître son bénéfice brut de 60 %. Pour autant, tous les pays d'Afrique ne sont pas relégués dans les profondeurs du classement. Il en est même qui se placent devant de grandes puissances européennes, comme la Namibie (33e) ou le Botswana (40e). Un sujet à polémique sur lequel les auteurs du rapport se sont d'ores et déjà expliqués en soulignant que les déséquilibres macroéconomiques et le taux de criminalité n'avaient pas été pris en compte. Sur les douze derniers mois "l'Europe de l'Est et l'ex-Union soviétique ont dépassé l'Extrême-Orient en termes de facilité de faire des affaires ", lit-on. " On parle beaucoup des difficultés faites en Russie aux firmes étrangères, mais des réformes importantes ont été réalisées dans la réglementation des entreprises locales", souligne Michael Klein. Les dix critères retenus concernent la création d'entreprises, les licences, le recrutement et le licenciement, l'enregistrement de la propriété, l'obtention du crédit, la protection des investissements, le paiement des impôts, le commerce transfrontalier, l'exécution des contrats et la fermeture d'entreprises. Les pays faisant mieux que nous sont pour les deux tiers des économies développées. Si Hongkong se classe 4e, la Chine n'est que 83e et l'Inde 120e, ce qui n'est nullement incompatible ni avec leur croissance rapide ni avec les forts investissements étrangers. "Ce qui compte pour les investisseurs, ce sont les efforts de réformes, or la Chine réalise de grands progrès à cet égard" .