La Moldavie se prépare à parapher les accords d'association et de régime sans visas avec l'UE au sommet du Partenariat oriental de Vilnius dans une semaine, les 28 et 29 novembre. Si l'Ukraine a "butté" au dernier moment Chisinau n'a pas l'intention de changer ses plans, a écrit hier le site Trud.ru. Les législatives se tiendront en Moldavie en 2014 et l'Alliance pour l'intégration européenne cherche à vendre aux électeurs un nouveau rêve. "Les autorités n'ont toujours pas donné d'explications claires sur les dépenses réalisées avec l'argent de l'Union européenne", déclare Igor Volnitski, directeur de la société Politexpert. "On a annoncé que le pays avait reçu 90 millions d'euros pour la réforme de la justice, 70 millions d'euros pour améliorer la qualité des produits vinicoles… En mars 2010, il a été annoncé l'obtention d'un soutien pour le programme de modernisation du pays à hauteur de 2,6 milliards de dollars. Mais personne n'a expliqué que ces fonds seraient envoyés par tranches sur plusieurs années. Et on a commencé à demander aux partisans de l'intégration européenne : où est l'argent ? Aujourd'hui les autorités donnent l'illusion qu'après le sommet de Vilnius la vie sera un paradis", continue-t-il. Une chose est sûre : le sommet va s'achever, puis viendra le 30 novembre. Les Moldaves attendront toujours leur salaire misérable (un dixième de la moyenne européenne). Les retraités s'efforceront de survivre jusqu'à la prochaine retraite, qui ne suffira même pas pour payer la facture de chauffage. La "famille euro", ça sonne bien, mais en son sein chacun doit lutter seul contre la pauvreté. La libéralisation du régime de visas avec l'UE pourrait être un bonus pour les pro-européens moldaves. Elle s'ajoutera à l'ouverture de l'espace aérien du pays, qui a fait significativement baisser les tarifs pour se déplacer en Europe - une avancée positive pour les centaines de milliers de Moldaves qui cherchent du travail en Occident. On promet également un afflux du capital si les accords sur le libre-échange entraient en vigueur. Toutefois, le pays serait d'abord submergé de produits européens avec lesquels la plupart des producteurs locaux ne pourraient pas concurrencer. Il est difficile de peser le pour et le contre : les négociateurs ne dévoilent pas les conditions des accords et le ministre de l'Economie Valeri Lazer promet de divulguer ces informations uniquement après les avoir paraphées. La détérioration des relations avec la Russie sera encore plus douloureuse. Moscou pourrait limiter l'accès de produits moldaves sur son marché, durcir le régime de migration et faire pression sur le tarif du gaz. C'est notamment l'avis des communistes. "L'intégration d'urgence à l'Union douanière - voilà ce qui donnerait un bol d'air frais à la Moldavie", a déclaré leur leader Vladimir Voronine. En revanche, la baisse des tarifs des hydrocarbures permettrait à la Moldavie d'économiser 500 millions de dollars par an. Rappelons que c'est le PC, au pouvoir à l'époque, qui avait initié un mouvement actif vers l'Union européenne en 2005. Et pour quelle raison la Russie prendrait en charge la Moldavie indépendante ? Mais Vladimir Voronine sait ce qui doit être dit et quand : le chef du PC est soutenu par la plus grande partie de la population selon les sondages. D'ailleurs à son époque les communistes avaient inventé un excellent slogan : construire une Europe en Moldavie. Il avait été soutenu par d'autres partis mais l'affaire n'est jamais allée plus loin. La Moldavie reste l'un des pays les plus pauvres d'Europe. La main-d'œuvre est sa principale marchandise à l'exportation. La corruption prospère. Aujourd'hui, d'autres slogans sont à la mode : l'intégration européenne ou l'Union douanière - il faut choisir. Et la population est à nouveau à un carrefour, attendant une pluie d'or de l'ouest ou des cadeaux généraux de l'est.