Des dizaines de policiers anti-émeutes ont repris dans la nuit de mardi à mercredi le contrôle de la présidence et du parlement moldaves, qu'avaient mis à sac quelques heures plus tôt, à Chisinau, des manifestants contestant la victoire du Parti communiste aux législatives de dimanche dernier. Le président moldave, Vladimir Voronine, seul dirigeant communiste actuellement en Europe, a appelé l'Occident à l'aider à rétablir l'ordre et a accusé l'opposition d'avoir mené un coup de force dans la capitale. Une femme est morte et une centaine de personnes ont été blessées après la mise à sac par les manifestants du parlement, où des incendies ont fait rage pendant la soirée. Des journalistes de Reuters présents sur les lieux ont signalé que des dizaines de policiers anti-émeutes, casqués et portant des boucliers, avaient repris le contrôle des bâtiments officiels pillés dans le centre de Chisinau, et s'étaient déployés autour. Les centaines de manifestants qui étaient présents auparavant n'étaient plus visibles et l'on ignorait où ils étaient repartis. Un journaliste de Reuters a vu des commandos des forces spéciales patrouiller dans le centre de la capitale. Le procureur général de Moldavie Valery Gourboulia, interrogé par l'agence de presse russe RIA, a fait état de plusieurs interpellations. "Les forces de maintien de l'ordre ont interpellé des pilleurs cette nuit, qui mettaient à sac les bâtiments de l'administration présidentielle et le Parlement", a-t-il dit. Les autorités ont apparemment fermé les frontières du pays. Un photographe de Reuters basé en Roumanie n'a pas été autorisé à pénétrer sur le territoire moldave et d'autres correspondants étrangers en Ukraine n'ont pas pu entrer. Les dirigeants de l'opposition ont condamné les débordements de mardi mais ont réclamé la tenue de nouvelles élections. Ils devaient se réunir dans la matinée pour décider de la suite du mouvement. Des partisans de l'opposition annonçaient dans la soirée de nouvelles manifestations pour mercredi. "Je peux vous dire que demain, dix autocars pleins de manifestants partiront de ma région pour Chisinau", a déclaré un militant de l'opposition. Certains manifestants ont exigé la démission de Voronine, qui doit quitter le pouvoir dans la foulée du scrutin de dimanche en raison des limites imposées par la Constitution, qui l'empêche de briguer un troisième mandat. Mardi, près de 10.000 personnes se sont rassemblées pour la deuxième journée consécutive dans le centre de Chisinau pour dénoncer les fraudes qui ont, selon eux, entaché la large victoire du Parti communiste, qui selon les chiffres officiels a obtenu dimanche près de 50% des suffrages. Cela garantit aux communistes les 61 sièges nécessaires pour désigner le successeur de Voronine à la présidence. Submergées par le nombre des manifestants, les forces de l'ordre n'ont pu les empêcher de prendre le contrôle du Parlement et de la présidence, dont le toit a été occupé par des manifestants agitant des drapeaux moldaves, roumains et européens. Depuis l'arrivée de Voronine au pouvoir, en 2001, la Moldavie connaît stabilité et croissance, mais le président n'est pas venu à bout du conflit avec la population russophone de Transnistrie, où Moscou maintient une présence militaire. Le président russe Dmitri Medvedev, qui a félicité son homologue pour la victoire de son parti, a lancé mardi un appel au calme, tout comme l'Union européenne.