L'Argentine va poursuivre sa politique interventionniste controversée en matière économique, a souligné le nouveau chef du gouvernement Jorge Capitanich, lors de sa première intervention officielle. Beaucoup d'Argentins ont besoin de l'Etat. Nous savons que les milieux d'affaires veulent défendre leurs propres intérêts et l'Etat doit avoir une capacité régulatrice, a déclaré M. Capitanich, ancien gouverneur de l'Etat de Chaco (nord) et figure influente du mouvement péroniste au pouvoir. Mercredi soir, la présidente de centre-gauche Cristina Kirchner avait annoncé qu'une de ses priorités était de renforcer l'industrie nationale et de favoriser les exportations, afin d'attirer des devises, les réserves étant passées de 52 milliards de dollars en 2010 à 32 aujourd'hui. Au poste de chef de cabinet, M. Capitanich a la responsabilité de coordonner l'action des ministres. Il a été choisi par la présidente Cristina Kirchner parce qu'il est largement accepté au sein du mouvement péroniste, au pouvoir, dont une fraction a fait dissidence lors des législatives de mi-mandat, fin octobre. Lors d'une conférence de presse, le chef de file du gouvernement a averti qu'il n'y aurait pas de changements majeurs et estimé que le règlement du différend avec le FMI, la diminution des chiffres de l'inflation, était en bonne voie. Pour 2014, il s'est fixé pour objectif de dépasser 6% de croissance et de voir la balance commerciale afficher un solde positif d'au moins 10 milliards de dollars, aux termes des prévisions budgétaires pour l'année prochaine. Alors que le peso argentin se déprécie fortement par rapport à l'euro et au dollar et qu'un marché des changes parallèle est apparu il y a deux ans, le gouvernement maintiendra un taux de change flottant, contrôlé par l'Etat. Les milieux d'affaires souhaitent que le gouvernement de Mme Kirchner allège la pression fiscale sur les exportations, lève les restrictions sur les importations et prenne des mesures drastiques contre l'inflation qui a atteint 27% depuis le début de l'année selon les instituts privés, alors que les autorités argentines ne reconnaissent qu'une hausse des prix de 10%. Le nouveau ministre de l'Economie Axel Kicillof, un keynésien considéré comme un dangereux gauchiste par la droite argentine, s'est voulu rassurant quant aux réserves. Malgré la baisse, dit-il, elles sont à un niveau conséquent. Nous n'allons rien faire qui pourrait générer des changements brusques dans l'économie, a indiqué le ministre, qui promet de soutenir l'industrie nationale (...) Nous avons besoin d'un bon pouvoir d'achat, que les gens continuent de consommer, avec un marché interne solide et une production qui corresponde à ce marché. Le Kirchnérisme, analyse le sociologue Rosendo Fraga, double la mise comme à son habitude. Kicillof se concentre sur l'économie et Capitanich sur la politique, cherchant à se faire connaître à ce poste pour être présidentiable. Mme Kirchner achève fin 2015 son deuxième mandat et ne peut se représenter. L'Argentine, premier exportateur mondial de farine et d'huile de soja, a opéré une volte-face après la crise économique de 2001 et l'écroulement de son système bancaire. Après les privatisations massives des années 1990, les présidents Nestor (2003-2007) et Cristina Kirchner (depuis 2007) ont nationalisé des entreprises comme la compagnie pétrolière YPF (ex-filiale de l'espagnol Repsol) ou Aerolineas Argentinas.