La chancelière allemande Angela Merkel a trouvé un accord hier avec le parti social-démocrate (SPD) pour un gouvernement commun, deux mois après sa victoire sans majorité absolue aux législatives, ont indiqué des sources proches des négociations. Cet accord entre les conservateurs (CDU/CSU) et le SPD a été confirmé dans la foulée par un groupe élargi de 75 négociateurs des trois partis lors d'une réunion. Il devra désormais être approuvé par les militants du parti social-démocrate (SPD) lors d'un référendum début décembre dont le résultat est incertain. Si la base du SPD donne son feu vert, Mme Merkel devrait être élue le 17 décembre par les députés du Bundestag, à la tête d'un gouvernement de "grande coalition", pour un troisième mandat de quatre ans. Mme Merkel a consenti plusieurs concessions majeures qui pourraient aider à vaincre les réticences des militants du SPD à s'allier avec un parti de droite. Dans la nuit, des sources proches des partis, avaient indiqué que les conservateurs acceptaient la création d'un salaire minimum en Allemagne de 8,50 euros de l'heure à partir de 2015, mais qui s'appliquerait à l'ensemble des branches seulement à partir de 2017. De nombreux détails restaient cependant à clarifier. Le parti social-démocrate (SPD) avait fait de l'adoption de cette mesure phare de son programme électoral une condition nécessaire à tout accord de coalition. Ce salaire minimum serait une première en Allemagne, un pays qui s'en remettait jusqu'ici exclusivement aux partenaires sociaux pour régler les questions salariales. Il devrait améliorer le pouvoir d'achat de millions de salariés. Selon l'institut économique DIW, 5,6 millions de personnes, soit 17% des salariés allemands, gagnent actuellement moins de 8,50 euros. Ces hausses de salaires vont aussi dans le sens des demandes formulées récemment par l'OCDE et le FMI de stimuler la consommation des ménages en Allemagne. L'Union européenne, la France et les Etats-Unis se sont aussi inquiétés d'une politique salariale trop restrictive qui dope la compétitivité de l'Allemagne au détriment de ses partenaires. Après plus d'un mois de tractations et au terme d'une séance de négociations de 17 heures conclue au petit matin, les sociaux-démocrates peuvent se targuer d'avoir en outre obtenu un plan d'amélioration des retraites pour les petits salaires et les mères de famille, ainsi que la possibilité d'un départ à 63 ans (au lieu de 67) pour les salariés ayant cotisé 45 ans. L'ensemble des mesures sociales et investissements prévus dans le projet de "grande coalition" devrait représenter 23 milliards d'euros, financés sans augmentation de la fiscalité. Le SPD a aussi obtenu gain de cause sur une de ses revendications sociétales majeures : la possibilité d'accorder une double nationalité aux enfants d'étrangers nés en Allemagne.