La Réserve fédérale américaine (Fed) achevait hier une réunion de politique monétaire très attendue, où elle doit décider s'il est temps ou non de réduire son aide monétaire exceptionnelle à l'économie. Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), qui a entamé ses travaux avant-hier, devait annoncer sa décision à 19H00 GMT ainsi que de nouvelles projections économiques. Dans la foulée, le président Ben Bernanke doit tenir sa dernière conférence de presse de l'année, qui marque le centenaire de la Fed. Il doit encore présider la réunion du FOMC de fin janvier avant de passer le flambeau à Janet Yellen, dont la nomination doit être encore confirmée par le Sénat. La Réserve fédérale qui maintient ses taux directeurs proches de zéro depuis fin 2008, achète aussi chaque mois depuis 14 mois pour 85 milliards de dollars en bons du Trésor et titres liés à des créances hypothécaires. Ces mesures exceptionnelles visent à influer sur les taux à la baisse pour soutenir la reprise. "La probabilité d'une réduction du rythme des achats d'actifs a augmenté", a récemment prévenu James Bullard, membre votant du FOMC et président de l'antenne régionale de la Fed de Saint-Louis. La décision de réduire les achats d'actifs "doit être sur la table", a pour sa part plaidé Dennis Lockhart, président de l'antenne régionale de la Fed d'Atlanta, qui participe au FOMC mais ne vote pas cette année. Au cours de leur précédente réunion fin octobre, les membres du FOMC s'étaient contentés de prévoir un changement de cap "dans les prochains mois", selon les minutes de la rencontre. Les analystes sont très partagés quant à savoir si la Fed entamera dès mercredi un retrait de ses injections de liquidités, mais une courte majorité semble se dégager pour penser que l'institution va encore attendre. Une enquête réalisée par la cellule de recherche de Nomura auprès d'une centaine de clients investisseurs montre que 37% s'attendent à une réduction du stimulus de la Fed, davantage que ceux qui tablent sur une diminution en janvier ou mars. En revanche, dans un sondage mené par Bank of America et Merrill Lynch auprès de gestionnaires de fonds, seulement 11% d'entre eux prévoient que la Fed va entamer son retrait mercredi. L'économie américaine a donné des signes continus d'amélioration même si la croissance est toujours "modeste à modérée", selon le dernier Livre Beige de la Fed. Le taux chômage est tombé en novembre à son plus bas niveau depuis cinq ans (7%) tandis que le produit intérieur brut a progressé de 3,6% en rythme annualisé au troisième trimestre, en nette accélération par rapport aux trois mois précédents. L'incertitude budgétaire aux Etats-Unis est en passe d'être partiellement levée avec la conclusion d'un accord au Congrès qui éloigne le spectre d'une nouvelle paralysie du gouvernement. Point noir au tableau, l'inflation reste basse, en-dessous de l'objectif de 2% de la Fed. L'indice des prix à la consommation publié mardi a montré que les prix n'avaient pas bougé en novembre et ne progressaient sur un an que de 1,2%. Selon l'indice des prix lié aux dépenses de consommation (PCE), une autre mesure plus suivie par la Fed, l'inflation n'est que de 0,7% sur douze mois. "Dans ces conditions nous prévoyons que les préoccupations sur l'inflation vont dominer les discussions du FOMC", affirme Kim Fraser, économiste de BBVA Research. "La Fed a des objectifs d'inflation et à ce jour, ils ne sont pas atteints. C'est pourquoi je ne m'attends à rien d'autre dans le communiqué qu'une indication nous disant que si l'économie continue de s'améliorer, il sera temps de réduire les achats d'actifs", commentait Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors.
Le projet de budget passe une étape cruciale au Sénat Le projet de budget américain négocié par les démocrates et les républicains a passé avant-hier une étape cruciale au Sénat, ouvrant la voie à son adoption prochaine. Le texte a été adopté par 67 voix contre 33 lors d'un vote procédural qui met un terme au débat et évite donc une éventuelle obstruction avant le vote final qui devrait avoir lieu cette semaine, probablement mercredi. Le budget devrait être promulgué dans la foulée par le président Barack Obama. La Chambre des représentants avait déjà adopté jeudi ce budget pour 2014 et 2015 qui avaient été négocié pendant plusieurs semaines après le psychodrame de la paralysie des administrations fédérales en octobre. Après deux années de baisse historique, les dépenses fédérales devraient repartir à la hausse en 2014, grâce à l'annulation de 30% des coupes automatiques qui devaient initialement raboter le budget dans les deux prochaines années. Les dépenses militaires, qui devaient subir une réduction nette, vont légèrement augmenter, à la grande satisfaction du Pentagone et du secteur de la défense. L'annulation partielle de cette austérité a d'ailleurs provoqué la colère de certains élus conservateurs. Les républicains ont concédé une hausse de plusieurs taxes et redevances, notamment sur les passagers aériens, mais les impôts n'ont pas été augmentés, conformément à leur promesse. Côté dépenses, les fonctionnaires fédéraux embauchés à partir de 2014 cotiseront légèrement plus. Mais l'accord reste, de l'aveu des deux camps, un compromis. Les grandes réformes de l'Etat-providence (programmes de retraite, santé, aides sociales) ou du code fiscal sont repoussées aux calendes grecques. Les allocations fédérales pour les chômeurs de longue durée, mises en place pendant la récession pour rallonger la période d'indemnisation, vont en outre expirer à la fin de l'année, car les démocrates n'ont pas réussi à imposer la reconduction du programme l'année prochaine. Environ 1,3 million de chômeurs vont perdre leurs allocations fin décembre, et 4,9 millions seront affectés en 2014.