La CE a demandé à six Etats membres, et à la Serbie, de renégocier les accords conclus avec la Russie pour la construction du gazoduc South Stream destiné à acheminer du gaz russe en Europe de l'Ouest, a écrit cette semaine le quotidien russe Nezavissimaïa gazeta. Alors que le conflit ukrainien continue, les intérêts de Moscou et de Bruxelles s'opposent de plus belle dans le litige autour du gazoduc South Stream. Moscou souhaiterait se libérer de sa dépendance envers le transit ukrainien tandis que les Européens voudraient empêcher un défaut de paiement de Kiev (avec l'argent russe) et conserver la position stratégique de l'Ukraine comme pays de transit. Dans l'idéal Kiev et Bruxelles préféreraient donc geler le projet South Stream, alors que la Russie veut le construire au plus vite. Aujourd'hui ce litige de principe revêt un aspect juridique - le South Stream doit-il ou non être soumis aux normes de l'UE? La Russie a préparé un nouveau projet d'accord avec l'Union européenne sur les gazoducs transfrontaliers. Par ailleurs, après la décision des pays membres de confier les négociations à la Commission européenne, les commissaires ont confirmé leur intérêt dans le projet de gazoduc et se sont dits prêts à mener des pourparlers avec la Russie. "C'est une garantie pour nous que ce projet sera réalisé en conformité avec la législation européenne", a déclaré le ministre bulgare des Affaires étrangères Kristian Vigenin. Les experts ne peuvent pas encore prédire les résultats du conflit autour du gazoduc South Stream. Le fait que les pays membres transmettent le dossier à l'UE ne signifie pas qu'ils renoncent à leurs engagements devant la Russie. La plupart des experts estiment que quelle que soit la durée des négociations, la construction du South Stream ne sera pas gelée. Ils pensent également qu'il est peu probable que l'UE fasse sciemment traîner le règlement de cette question afin que la Russie paie le plus longtemps possible pour le transit ukrainien. "L'Ukraine est un facteur supplémentaire mais pas central. Le nouveau gazoduc est important pour l'Europe car il renforcera le lien entre la Russie et le marché gazier européen", pense Boris Froumkine de l'Institut de l'économie mondiale à l'Académie des sciences de Russie. Le gel du gazoduc ne profiterait ni à l'UE ni à la Russie. Par conséquent, la recherche d'un compromis est inévitable. La majorité des experts interrogés pensent que la construction du South Stream ne sera pas suspendue pendant les négociations. "D'après nous, le projet avancera progressivement car la Russie et les pays où transitera le gazoduc sont directement intéressés. Il est possible que le projet ne soit réalisé qu'en partie. Mais en fin de compte cela profiterait à Gazprom car plus le projet approche de la phase finale plus la puissance du monopole dans les pourparlers est grande", déclare Ilia Balakirev d'UFS IC. Le service de presse de Gazprom a déclaré qu'il considérait les perspectives de développement du projet comme positives, et toutes les principales décisions durant cette étape seront prises par le gouvernement.