L'ukrainien Naftogaz n'a remboursé à Gazprom que 20% de sa dette pour les livraisons de gaz russe au mois d'août, selon le quotidien russe Nezavissimaïa gazeta. Le vice-Premier ministre Iouri Boïko et le ministre de l'Energie Edouard Stavitski ont justement vanté la baisse record des achats de gaz russe et ont promis de se tenir à cette stratégie à terme. Alexandre Efremov, chef de la fraction parlementaire du Parti des régions, au pouvoir en Ukraine, a déclaré sans cacher sa préoccupation que Gazprom préparait une plainte contre l'Ukraine afin de saisir une cour internationale pour non-respect des contrats à hauteur de 10 milliards de dollars. Selon lui, cette plainte sera déposée début janvier et pourrait demander un remboursement supérieur à 10 milliards de dollars. Le fait est que l'Ukraine n'achète pas à Gazprom la quantité de gaz qu'elle s'était engagée à acquérir en conformité avec l'accord signé en 2009 par Ioulia Timochenko, alors Premier ministre de l'Ukraine. A en juger par ces déclarations, l'Ukraine est consciente que l'accord avec Gazprom n'est pas respecté et que la cour internationale pourrait donner raison à la compagnie russe. Les experts ukrainiens ont déjà souligné qu'une telle tournure de la situation risquerait de mettre en faillite Naftogaz, qui n'a déjà pas les moyens de payer la facture courante pour les livraisons de gaz. Le scandale qui avait éclaté après l'annonce publique de cette dette dépassant 800 millions de dollars pour les livraisons d'août n'a toujours pas été réglé. Le ministre ukrainien de l'Energie a expliqué que cette dette était due à l'achat, par Naftogaz, de gaz supplémentaire pour ses réserves souterraines - à la demande de Gazprom. Ces réserves sont nécessaires pour assurer un transit continu du gaz russe en Europe pendant les périodes de pointe en hiver. Gazprom a ainsi gardé son gaz dans les réserves ukrainiennes jusqu'en 2005 mais cette pratique a cessé après des scandales de vol de gaz. Depuis cette époque, le gaz stocké est acheté par l'Ukraine et, une fois fourni en Europe, la transaction a lieu entre Naftogaz et Gazprom. Par ailleurs, ces dernières années, Gazprom payait le transit en avance afin que Naftogaz ait les moyens d'acheter des quantités de gaz supplémentaires pour les stocker. Le président de Gazprom Alexeï Miller avait déclaré en juin qu'en 2015 les paiements en avance pour le transit cesseraient. Mais en automne la compagnie a fait une autre concession : le tarif du gaz destiné à être stocké a été réduit de 50%. Iouri Boïko a précisé qu'en raison des tarifs gaziers élevés - conformément aux contrats signés par Ioulia Timochenko - l'Ukraine était contrainte de réduire la quantité de gaz acheté. Il remarque que depuis la signature des contrats en 2009 les achats de gaz russe avaient été divisés par quatre : "Nous avons ouvert les marchés aux compagnies privées occidentales et orientales, ce qui a permis de réduire les achats de gaz à Gazprom. Plus nous achèterons de gaz sur ces contrats et plus il y aura de pertes pour notre économie". Les experts ukrainiens pensent que les déclarations de Kiev ne s'adressent pas uniquement à Gazprom mais aussi à l'Europe, qui n'a pas influé sur les négociations gazières russo-ukrainiennes en dépit de l'espoir des autorités ukrainiennes. L'allusion à d'éventuelles perturbations des fournitures de gaz en hiver est appelée à attirer l'attention de Bruxelles, d'autant que l'an prochain l'Ukraine présidera la Communauté européenne de l'énergie. "Nous voudrions profiter de notre présidence pour libéraliser le marché gazier en Europe centrale et de l'Est. Ainsi que pour construire un hub en Europe centrale pour le stockage et la vente du gaz grâce à nos dépôts situés à l'ouest de l'Ukraine", conclut le ministre de l'Energie Edouard Stavitski.
Baisse du transitde gaz russe via l'Ukraine: Kiev perplexe Préoccupée par une baisse du transit de gaz russe via son territoire, l'Ukraine mène des négociations supplémentaires avec la Russie au sujet du volume de combustible bleu russe livré à l'Europe, a annoncé jeudi le vice-Premier ministre ukrainien Iouri Boïko. "Il existe un contrat de transit de gaz russe que nous honorons pleinement. Par ailleurs, nous ne sommes pas satisfaits en raison d'une baisse du transit de gaz via notre territoire, ce sujet fait objet de discussions supplémentaires avec nos partenaires russes", a indiqué M.Boïko. Le responsable ukrainien a en outre expliqué que la construction du gazoduc South Stream, qui doit permettre à Moscou de livrer son gaz à l'Europe en évitant l'Ukraine, était contraire aux intérêts de Kiev. Le Premier ministre ukrainien Nikolaï Azarov avait auparavant indiqué que l'Ukraine pourrait conserver une partie de son gazoduc si le transit du gaz russe vers l'Europe diminuait. Aux yeux de Kiev, la modernisation de son réseau de transport gazier est plus avantageuse du point de vue économique que la construction du gazoduc South Stream.