L'or a dégringolé cette année, enregistrant sa première baisse annuelle depuis l'an 2000 et entraînant dans sa chute l'argent et le platine, seul le palladium terminant l'année stable. Cette semaine, les métaux précieux se sont quelque peu repris après leur chute de la semaine dernière consécutive à la décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de commencer à réduire ses mesures d'aide dès janvier. Cela ne les a pas empêchés de terminer l'année en forte baisse, à l'exception du palladium. "Le facteur crucial (de la chute de l'or cette année) a été le fort déclin de la demande des investisseurs, qui a baissé de 50% sur les trois premiers trimestres de l'année", expliquent les analystes de Commerzbank. Les investisseurs financiers, qui avaient massivement investi dans des fonds adossés sur des stocks physiques d'or (les ETF) au plus fort de la crise financière, se sont en effet détournés du métal jaune à la faveur du redressement de l'économie mondiale en 2013. L'annonce de la réduction prochaine des mesures d'aide de la Fed, qui faisaient craindre une hausse de l'inflation, les a également incités à fuir les ETF -- qui ont donc dû se débarrasser de plus de 800 tonnes d'or au cours de l'année 2013. Le recul de la consommation indienne de métal jaune, qui a été freinée par les mesures prises par les autorités pour réduire le déficit extérieur du pays, a également desservi l'or. Le métal précieux a entraîné l'argent dans sa chute, en recul de 34% depuis le début de l'année, malgré le fait que les ETF adossés à des stocks d'argent soient restés stables en 2013. "L'excédent d'offre est partiellement responsable de la chute du prix de l'argent en 2013. Sa corrélation avec l'or comme valeur refuge pour certains investisseurs a également contribué à la chute des cours ces derniers mois", explique une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC). L'or a également fait chuter le platine, qui termine l'année en recul de 10% tandis que le palladium, qui a profité de la bonne tenue des marchés automobiles aux Etats-Unis et en Chine, est parvenu à terminer l'année stable.
Incertitudes pour 2014 Pour ce qui est de l'année prochaine, les analystes sont divisés sur les perspectives de l'or et de l'argent. Ceux de Commerzbank tablent sur une hausse de ces deux métaux précieux en 2014 (à 1 400 dollars et 21,5 dollars l'once respectivement), sur fonds de persistance des politiques monétaires ultra-accommodantes pour l'or et d'intensification de la reprise économique mondiale pour l'argent -- dont la moitié des débouchés sont industriels. Mais les économistes de Barclays estiment qu'il y a plus de risques à la baisse, pointant notamment la faiblesse de la demande indienne pour l'or et l'excédent d'offre pour l'argent. De leur côté, le platine et le palladium sont promis à un meilleur sort, étant donné que ces deux marchés devraient encore souffrir d'un déficit d'offre l'année prochaine, pronostiquent les analystes de Johnson Matthey, le premier affineur mondial de métaux platinoïdes. Ces derniers prévoient un cours moyen de 1 465 dollars pour le platine et de 760 dollars pour le palladium sur les six prochains mois. Sur le London Bullion Market, l'once d'OR a terminé à 1 214,50 au fixing du soir, contre 1 195,25 dollars le vendredi précédent. Le métal jaune a perdu 27% en 2013, signant ainsi sa première baisse annuelle depuis l'an 2000. L'once d'argent a clôturé à 19,92 dollars, contre 19,33 dollars il y a sept jours. Entraîné par l'or, le métal blanc a connu une chute encore plus brutale en 2013, reculant de 34%. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1 374 dollars, contre 1 328 dollars une semaine auparavant. En 2013, le platine a cédé 10%. L'once de palladium a clos à 711 dollars, contre 700 dollars sept jours auparavant. Seul métal précieux à progresser en 2013, le palladium a grappillé 1% depuis le début de l'année.
Les métaux de base vers un début 2014 prudent Malgré un sursaut cette semaine, les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) terminent l'année en baisse, pénalisés par l'abondance d'offre et des facteurs macro-économiques, mais pourraient se redresser en 2014 grâce à une demande plus vigoureuse. Cette semaine, les métaux de base ont fortement rebondi, aidés par de meilleures données économiques aux Etats-Unis (où les inscriptions hebdomadaires au chômage ont reculé plus que prévu lors de la semaine close le 21 décembre) et la faiblesse du dollar. Le cuivre a ainsi atteint vendredi un plus haut depuis mi-août, à 7 410 dollars la tonne, tandis que le plomb et le zinc ont touché des sommets depuis 10 mois, à respectivement 2 280 dollars et 2103 dollars. Lundi, le nickel avait atteint son niveau le plus élevé depuis deux mois, à 14 479 dollars la tonne. Ce sursaut tardif de fin d'année n'empêche pas les métaux industriels de terminer l'année en baisse. En effet, après un tout début d'année prometteur, les métaux industriels ont dégringolé au cours du premier semestre, le cuivre, l'aluminium et le nickel tombant même fin juin à des plus bas depuis trois ou quatre ans. Pour les analystes de Commerzbank, cette chute a été provoquée par les craintes d'un ralentissement de l'économie chinoise, de loin principale consommatrice de métaux de base, et par la perspective d'une réduction des mesures d'aide de la Réserve fédérale américaine (Fed). Pour ce qui est des fondamentaux, les métaux de base ont été en outre plombés par "de nouvelles capacités de production à bas coûts (aluminium, nickel) et une augmentation substantielle de la production minière (cuivre)", explique-t-on chez JPMorgan. Le groupe a ensuite passé le reste de l'année en oscillant dans une fourchette de prix étroite, seul l'étain parvenant temporairement à se redresser après une chute de l'offre en provenance d'Indonésie, le premier exportateur mondial de ce métal. "Après 2013, qui s'est révélée être une année de pertes considérables, les métaux devraient remonter modérément l'année prochaine, la reprise économique mondiale devant ranimer la demande", pronostiquent les économistes de Commerzbank, qui voient le cuivre s'établir en moyenne à 7 600 dollars la tonne en 2014. "La plupart des métaux de base ont été bloqués par un excédent d'offre structurel à plus ou moins grande échelle depuis 2007/2008 après ce qui fut l'une des plus grandes périodes de croissance de l'offre. Cependant, 2014 devrait marquer la fin de cette phase", espèrent de leur côté les analystes de Barclays. "Le facteur clé de cette tendance est une accélération de la croissance de la demande, qui est déjà en marche", estiment-ils. D'autres experts sont cependant moins optimistes: "nos prévisions d'une offre abondante sur les marchés des métaux de base suggèrent que la hausse des prix sera plus une histoire pour 2015 ou 2016, notamment pour des métaux tels que le zinc et le nickel", jugent ainsi les économistes de JPMorgan, qui tablent sur un prix moyen du cuivre de 7 003 dollars la tonne en 2014. De même, les analystes de RFC Ambrian préviennent que "tous les marchés des métaux de base devraient être en surplus au cours des deux prochaines années", ce qui devrait peser sur les cours. Par ailleurs, "l'interdiction d'exporter des minerais d'Indonésie accroît l'incertitude sur les perspectives des métaux de base, surtout pour l'étain et le nickel", souligne Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. A partir du 12 janvier 2014, l'Indonésie, premier exportateur mondial de nickel et d'étain, compte interdire l'exportation de minerais bruts afin de développer leur raffinage et leur transformation sur son territoire. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7 385 dollars vendredi, contre 7241 dollars le vendredi précédent. Sur l'ensemble de l'année, le métal rouge a cédé 7%. L'aluminium valait 1 784 dollars la tonne, contre 1 789 dollars. Ce métal blanc a perdu près de 14% cette année. Le plomb valait 2 265 dollars la tonne, contre 2 205 dollars. Ce métal blanc argenté a reculé de 3% en 2013. L'étain valait 22 949 dollars la tonne, contre 22 871 dollars. Ce métal gris blanc a perdu 2% cette année. Le nickel valait 14 344 dollars la tonne, contre 14 360 dollars. Il a chuté de 16% sur l'ensemble de l'année. Le zinc valait 2 096,75 dollars la tonne, contre 2 032 dollars. Ce métal d'un blanc bleuâtre a grappillé 1% en 2013.