Les parties en conflit au Soudan du Sud se sont rencontrées pour la première fois avant-hier à Addis Abeba, avant le début des négociations directes hier sur un cessez-le-feu visant à mettre fin à près de trois semaines de conflit, a annoncé le ministère des Affaires étrangères éthiopien. Cette réunion a eu lieu au moment où des explosions et d'intenses échanges de tirs résonnaient dans le quartier où est notamment situé le palais présidentiel à Juba, la capitale du Soudan du Sud. A Addis Abeba, le ministre éthiopien des Affaires étrangères Tedros Adhanom, a déclaré nous souhaitons tous que ces négociations directes vers la paix au Soudan du Sud, qui sont officiellement ouvertes, soient un succès. Le Soudan du Sud mérite la paix et le développement, et non la guerre. Nous sommes reconnaissants envers les membres des deux équipes de négociations pour les progrès accomplis aujourd'hui, a-t-il ajouté. Le gouvernement sud-soudanais et l'opposition se sont engagés à régler leurs différends politiques par le dialogue, a déclaré Seyoum Mesfin, ex-ministre des Affaires étrangères éthiopien et envoyé spécial de l'IGAD, le bloc régional des pays d'Afrique de l'Est qui assure la médiation des négociations.
Les pourparlers ne doivent pas être un stratagème Les pourparlers prévus hier entre les belligérants au Soudan du Sud ne devaient pas être un stratagème pour gagner du temps sur le terrain, a mis en garde le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Les deux parties doivent placer l'intérêt du Soudan du Sud au-dessus du leur, a déclaré M. Kerry lors d'un point de presse à Jérusalem. Le début des négociations est une étape très importante, mais ne vous trompez pas, c'est seulement une première étape. Il y a encore beaucoup à faire, a-t-il averti. Il faut que les négociations soient sérieuses, elles ne peuvent pas être une manière de gagner du temps, un stratagème pour prendre l'avantage militaire, a-t-il insisté. Les responsables doivent avoir du courage, de la résolution et une volonté claire de trouver une solution politique. Nous allons œuvrer à exercer une pression internationale sur n'importe quel élément qui tenterait d'utiliser la force pour prendre le pouvoir, a assuré M. Kerry. L'usage de la force n'est pas acceptable, a-t-il affirmé, ajoutant que le monde regardait de très près pour voir si un arrêt des combats était effectif sur le terrain.
Des milliers de déplacés Des habitants de Juba fuyaient hier en direction de la frontière ougandaise après des affrontements violents dans la nuit dans la capitale du Soudan du Sud. Il est prévu que les représentants des deux camps en conflit entrent dimanche dans le vif de négociations à Addis Abeba. La capitale Juba a été secouée pendant plusieurs heures par des tirs d'armes automatiques et d'armes lourdes en provenance d'un quartier du sud de la ville abritant le palais présidentiel et la plupart des ministères, avant un retour au calme dans les premières heures. Ces affrontements ont alimenté des spéculations sur une défection d'une nouvelle unité des forces du président Salva Kiir dans le camp des rebelles de son rival l'ex-vice-président Riek Machar. Le porte-parole de l'armée Philip Aguer a simplement déclaré que le gouvernement "enquêtait sur ce qui s'est passé exactement".
Trois semaines de conflit Après s'être terrés chez eux dans la nuit, des habitants tentaient de trouver un moyen de gagner la frontière avec l'Ouganda au sud. Ils viennent s'ajouter aux 200 000 déplacés après trois semaines de conflit. Ces combats dans la capitale se sont déroulés alors que les représentants des deux camps doivent entrer dimanche dans le vif de négociations dans la capitale éthiopienne Addis Abeba. Le conflit, qui a éclaté le 15 décembre, a déjà fait des milliers morts dans les combats opposant des unités de l'armée fidèles au président Salva Kiir et une alliance de milices ethniques dirigée par son rival, l'ancien vice-président Riek Machar. Avant-hier, l'armée sud-soudanaise a combattu pour reprendre le contrôle de la ville stratégique de Bor, capitale de l'Etat de Jonglei, l'un des plus grands Etats du pays. D'intenses batailles impliquant de chars et l'artillerie ont été signalés aux alentours de la ville, qui a changé de mains à trois reprises en près de trois semaines de conflits. L'IGAD, qui comprend l'Ethiopie, le Kenya et l'Ouganda - trois forts soutiens du gouvernement du président Kiir - a joué un rôle clé dans l'accord de 2005 mettant fin à deux décennies guerre civile au Soudan. L'Ouganda avait déployé des troupes à l'intérieur du pays pour évacuer les habitants et renforcer le soutien au gouvernement de Kiir.