L'inflation a légèrement accéléré en décembre en Allemagne mais a ralenti sur l'ensemble de l'année 2013 et ne devrait pas inciter la Banque centrale européenne à agir davantage sur ses taux d'intérêt pour le moment, selon les analystes. Les prix ont progressé de 1,4% sur un an dans le pays en décembre, après une hausse de 1,3% en novembre, selon des chiffres provisoires publiés, avant-hier, par l'office fédéral des statistiques Destatis. Le chiffre de décembre, calculé à partir des premières statistiques régionales disponibles, est parfaitement conforme aux attentes du consensus d'analystes réalisé par l'agence Dow Jones Newswires. Ce mois-là, l'inflation a principalement été tirée par l'alimentation (+3,8% sur un an), dont les prix "sont élevés depuis le rude hiver 2012-2013 et les inondations au printemps dans le sud et l'est de l'Allemagne", comme l'a rappelé Holger Schmieding, économiste de la banque Berenberg. Les prix de l'énergie ont augmenté plus modérément (+1,1% sur un an), ceux du fioul domestique et des carburants contrebalançant la hausse des prix de l'électricité. Sur un mois, les prix en Allemagne ont augmenté de 0,4% en décembre, a précisé Destatis. Il s'agit de "la plus faible hausse pour un mois de décembre depuis 2008", a souligné dans une note Carsten Brzeski, de la banque ING. L'inflation de décembre est "tout sauf spectaculaire", a renchéri Heinrich Bayer, analyste de Postbank. La légère accélération du dernier mois de l'année n'a pas empêché l'inflation de ralentir en 2013, à 1,5% en moyenne annuelle, contre 2% en 2012 et 2,3% en 2011. Selon l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet une comparaison des taux d'inflation entre les Etats membres de l'Union européenne, les prix ont progressé de 1,6% en 2013, ce qui les place en-dessous de l'objectif d'une inflation d'un peu moins de 2% en zone euro poursuivi par la Banque centrale européenne (BCE). En décembre, ils ont crû de 1,2% par rapport au même mois de l'année précédente. A ce niveau, "l'inflation allemande IPCH reste supérieure à la moyenne en zone euro, que nous attendons à 0,8% en décembre", a commenté M. Schmieding. Mais l'écart est faible, ce qui rend la position de la BCE plus facile, selon lui. En novembre, face au spectre de la déflation en zone euro, elle avait abaissé son principal taux directeur à 0,25%, un plus bas historique. Une décision qui avait été critiquée en Allemagne où certaines voix estimaient que le niveau des prix dans le pays ne justifiait pas cette baisse, accusée en outre d'alimenter un début de bulle immobilière. L'analyse de M. Schmieding est partagée par son confrère de Natixis, Johannes Gareis, pour qui "la BCE devrait rester sur un mode accommodant avec des taux d'intérêt stables lors de sa réunion de politique monétaire cette semaine, alors que l'inflation en zone euro demeure basse et que des risques sur la reprise économique dans la région demeurent". L'institution monétaire de Francfort (ouest) devrait donc opter pour le statu quo jeudi lors sa première réunion de l'année. Les chiffres définitifs de l'inflation de décembre et de l'année 2013 en Allemagne seront publiés par Destatis le 16 janvier.