La visite de M. Zerhouni en France, la seconde qu'il effectue dans ce pays après celle intervenue en mai 2006, intervient dans un contexte marqué par la relance des relations entre l'Algérie et la France, notamment politiques, à la faveur de l'accession de M. Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat français. La dernière visite du chef de l'Etat français à Alger, le 10 juillet dernier, dont c'était la première visite en tant que président au Maghreb, se voulait l'illustration de la volonté des deux pays d'aller de l'avant dans le renforcement de leurs relations à tous les niveaux. Premier but de cette visite, la lutte contre la menace terroriste qui plane aujourd'hui sur l'Hexagone. La France et l'Algérie comptent unir leurs efforts et leurs actions notamment dans le domaine de l'échange d'informations. La CIA a publiée un rapport faisant état de menaces d'Al Qaïda contre l'Europe, notamment contre la France. Un rapport qui vient justifier le désir de la France de travailler avec l'Algérie qui possède plusieurs années d'expérience dans le domaine de la lutte antiterroriste et qui en plus, a dû faire face à la montée de l'intégrisme. "Cette rencontre a été une opportunité pour souligner la nécessité de renforcer davantage la coopération bilatérale et les échanges de points de vue sur la situation sécuritaire" a indiqué, vendredi soir à Paris, M. Noureddine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et des collectivités locales, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec son homologue français, Mme Michèle Alliot-Marie. "Si nous sommes parvenus à créer la confiance dans des domaines aussi sensibles que celui de la sécurité, il est évident que dans les autres domaines ça devrait être plus aisé ; nous avons constaté que la construction de la confiance de part et d'autre était très positive et cela va nous encourager à développer la coopération dans tous les domaines sans aucune restriction", a-t-il dit. "Nous nous félicitons d'avoir construit une confiance dans ce domaine", a poursuivi M. Zerhouni, estimant que c'est un partenariat qui se construit dans une situation de "gagnant-gagnant". De son côté, Mme Alliot-Marie a indiqué avoir exprimé à M. Zerhouni combien la France se sentait solidaire et proche de l'Algérie après les divers attentats perpétrés à Batna, Dellys et Lakhdaria. "J'ai exprimé également les remerciements et la reconnaissance de la France pour l'action des forces de sécurité qui ont permis de sauver la vie de nos deux ressortissants", à Lakhdaria, a-t-elle ajouté, notant que les forces algériennes ont montré leur savoir-faire en même temps que leur détermination. Pour la ministre française, "le partenariat algéro-français en matière de sécurité est de niveau stratégique, évoluant dans une mutuelle compréhension". "Nous avons convenu de mieux développer cette capacité que nous avons les uns et les autres à mieux protéger nos concitoyens. On protège mieux quand on est deux à le faire ensemble", a-t-elle souligné. Cependant, l'évolution du contexte international ces dernières années a été un élément déterminant dans l'évolution du terrorisme qui, selon M. Zerhouni, "n'a rien à voir avec l'Islam" et les analyses montrent qu'il y a des facteurs exogènes qui l'ont favorisé. En effet, selon le ministre, la situation au Moyen-Orient a boosté le terrorisme. Les terroristes recrutent aujourd'hui au nom de la libération de l'Irak, au nom de la défense de la Palestine, quelques uns parlent même du Darfour mais non plus au nom de l'Islam, ajoutant à ces facteurs le discours islamophobe qui crée des brèches exploitées par les extrémistes. M. Zerhouni a aussi évoqué la question de la prolifération du nucléaire, rappelant que "l'Algérie est contre le développement de l'armement nucléaire" et milite pour une dénucléarisation du Moyen-Orient et de la zone méditerranéenne. A une question sur le statut d'un des fondateurs du groupe terroriste, GSPC, en l'occurrence, Hassan Hattab, le ministre a indiqué que "nous le considérons aujourd'hui comme un repenti" mais qu'il est impliqué dans plusieurs procès en cours. "En Algérie, la procédure pour les repentis est qu'ils doivent être présentés à la justice. La décision finale revient à la justice. Il y a des procès qui remontent à plusieurs années", a-t-il expliqué. Concernant les repentis qui auraient rejoint le maquis, le ministre a précisé qu'"il y en a très peu". "Le nombre est très marginal", a-t-il ajouté, rappelant qu'avec la première loi sur la concorde civile, les trois quarts de ceux qui portaient des armes s'étaient rendus, "à peu près 6 000 hommes" alors que le nombre de ceux qui ont rejoint les maquis ne dépasse pas la vingtaine. Durant leur entretien, les deux ministres ont évoqué le problème du terrorisme. Mme Alliot-Marie, s'est déclarée "avoir été très intéressée par l'analyse de M. Zerhouni sur l'ensemble de cette donnée, à la fois sur son origine, ses causes mais également ses manifestations". M. Zerhouni et son homologue français ont ensuite évoqué les différents domaines de la coopération bilatérale, notamment dans les domaines du renseignement, de la sécurité civile, de la protection des frontières, et d'une façon générale la lutte commune contre tout ce qui peut être source d'insécurité pour les deux pays. Les deux ministres, qui ont souligné que tous les problèmes avaient été abordés en toute franchise, ont aussi évoqué la questions des visas, ainsi que des éléments qui peuvent concerner les deux ministères au sujet de la prochaine visite d'Etat en Algérie du président français, M. Nicolas Sarkozy. Un rendez-vous qui aura lieu au mois de décembre prochain. Ce dernier, très préoccupé par la question sécuritaire en France, compte bien consolider ses relations avec Alger.