Deux hommes de la majorité présidentielle mais pas de la même mouvance idéologique doivent certainement se dire qu'ils sont passés à côté de l'histoire, obligés une fois de plus de rééchelonner leurs ambitions de cinq autres années, c'est-à-dire pour une éternité. Pendant une bonne durée de temps, assez longue même, Belkhadem et Ouyahia savaient " amuser la galerie " et focalisaient sur eux les attentions médiatiques. Révision ou pas ? Candidat ou pas ? En matière de communication, c'était de la haute voltige. Cela avait donné du grain à moudre à la classe politique, dans un champ politique débarrassé de ses joueurs. Ils avaient réussi à sortir l'animation politique de son hibernation, une trop longue hibernation. Ils avaient eu l'intelligence (un ancien chef de département à la présidence me disait pourtant qu'il ne faut pas tout le temps chercher une dose d'intelligence dans ce qui se fait) d'occuper le terrain et d'orienter le débat ou les spéculations, occupant l'opposition et la détournant de ce qui aurait pu être sa mission en période pré-électorale. Ils jouaient au ping-pong, le premier annonçant très tôt la révision de la Constitution et le second répondant qu'il est trop tôt d'y penser et que de toute façon, c'est une prérogative du Président. Idem pour ce qui concerne la candidature du Président à un troisième mandat, selon donc le même scénario. C'était toute la classe politique, les observateurs et les populations qui constituaient la balle de jeu. Apparemment, ils s'étaient concertés (ou ils en étaient instruits), entretenant ce qui pouvait être lu sous l'angle de contradictions entre les deux chefs de partis et même une concurrence au point où il était pensé qu'ils se détestaient cordialement). Il y avait eu un précédent, une stratégie d'occupation des médias quand les deux leaders du FIS faisaient alterner les positions radicales et les éclaircies conditionnelles, divisant les médias et la classe politique, tentant d'induire des contradictions au sein du pouvoir, ce qui avait apparemment réussi puisque ce parti a été sollicité, prié même de participer aux élections législatives. Par cette stratégie d'occupation des médias, les deux alliés (alliés malgré eux) savaient dangereux un vide politique à l'approche de l'élection présidentielle et avaient choisi les thèmes devant rendre un semblant de vie à un champ politique dont on avait oublié jusqu'à son existence. Les deux hommes paraissaient différents et on se demandait même qu'est-ce qui les avait embarqués sur la même galère, étant séparés par tout et sur tout, alors qu'ils jouaient dans la même équipe et qu'ils avaient pour mission de ramener la coupe au club.