Le gouvernement philippin et la rébellion indépendantiste musulmane du sud de l'archipel ont annoncé, hier qu'ils devraient signer un accord de paix au cours des prochaines semaines après avoir levé les derniers obstacles pour mettre fin à une insurrection meurtrière qui durait depuis 1970. Un accord d'ensemble avec le Front moro islamique de libération (MILF) devrait être signé en février ou mars, a déclaré la chef des négociateurs représentant le gouvernement, Miriam Coronel-Ferrer. Nous avons fixé une échéance entre février et mars, a-t-elle déclaré par téléphone de Kuala Lumpur, où se déroulaient les négociations. Le président Benigno Aquino espère l'entrée en vigueur de cet accord avant la fin de son mandat (unique) en 2016, ce qui mettrait fin à une rébellion qui a causé près de 150 000 morts. Les négociations avaient démarré en 1996 et se sont depuis poursuivies, par intermittence. Le processus de A à Z a été parsemé de difficultés. Mais avec la coopération et la détermination des deux parties (...) je ne pense pas qu'un obstacle s'élèvera pour nous faire trébucher, si Dieu le veut, a déclaré samedi soir Mohagher Iqbal, représentant du MILF, à la conclusion du quatrième et dernier round des négociations. Le plus grand défi désormais consiste à tenir les délais pour la conclusion d'un accord de paix définitif d'ici à la fin du mandat présidentiel, mi-2016, a estimé Miriam Coronel-Ferrer. Aucune des deux parties n'a donné de précisions sur le désarmement des 12 000 rebelles que compte le MILF, mais Miriam Coronel-Ferrer a indiqué qu'il s'agirait d'un processus graduel. Pour une véritable paix à Mindanao (l'île du sud, bastion de la guérilla islamiste), nous devons désarmer nos troupes, a déclaré le porte-parole du MILF. Il ne s'agit pas de se rendre, a-t-il ajouté, soulignant cependant que le sujet de la normalisation est le plus sensible. En octobre 2012, MILF et gouvernement avaient conclu un premier accord qui stipulait que les 12 000 hommes du MILF devaient renoncer à exiger l'indépendance de leur région sur l'île de Mindanao en échange d'un important partage du pouvoir et des richesses dans une région autonome. Deux autres annexes sur les modalités de la transition et le partage des revenus ont été signées en 2013. Restait la dernière et quatrième annexe sur la normalisation, qui porte notamment sur le désarmement des combattants du MILF. Les discussions conclues samedi portaient sur ce quatrième volet. Au final, le Parlement philippin devra encore adopter une loi fondamentale pour une région musulmane autonome au sud de l'archipel et ses habitants devraient la ratifier par un référendum. D'autres groupes armés rebelles opèrent sur l'île de Mindanao. Un accord avait été passé en 1996 entre Manille et un autre groupe rebelle, le MNLF, mais les millions de dollars alloués à la région avaient été pour la plupart détournés et la région était restée une des plus pauvres de l'archipel. Un autre accord de paix, conclu en 2008, avait été rejeté par la Cour suprême des Philippines, une décision qui avait relancé les combats.