Le conglomérat industriel Siemens a regagné des forces au premier trimestre de son exercice décalé 2013/14, avec un bond de ses bénéfices et de ses entrées de commandes. Le groupe allemand, qui a traversé d'importantes turbulences en 2013 se soldant l'été dernier par un changement de patron en catastrophe, a maintenu ses prévisions pour l'année, tablant toujours sur une progression d'au moins 15% de son bénéfice net par action annuel, soit une croissance deux fois plus importante par rapport à l'exercice passé. Des prévisions qui restent prudentes, de l'avis de Volker Stoll, analyste chez LBBW. Nous avons délivré un bon trimestre pour commencer notre exercice, même si, comme attendu, les conditions du marché n'étaient pas en notre faveur, a commenté dans un communiqué le patron en place depuis presque six mois, Joe Kaeser. D'ailleurs, le groupe s'attend à ce que, dans leur ensemble, les marchés sur lesquels il est actif, c'est-à-dire autant l'industrie que l'énergie ou le matériel médical, restent difficiles pour le reste de l'année, avec une reprise des secteurs à cycle court d'activités pas avant la fin de l'exercice. Cela devrait se ressentir sur le chiffre d'affaires annuel, attendu, hors éventuelles acquisitions, à un niveau inchangé par rapport à l'exercice précédent, a confirmé Siemens, qui avait fait part des mêmes prévisions en novembre. Déjà, entre octobre et décembre, son chiffre d'affaires a reculé de 3% à 17,3 milliards, affecté également par les taux de change. En revanche, le groupe, qui construit aussi bien des trains que des éoliennes, des centrales électriques que des prothèses auditives, a généré 1,46 milliard d'euros de bénéfice net, une hausse de 20% sur un an, mieux qu'attendu par les analystes. En outre, il a engrangé 9% de commandes supplémentaires, soit 20,8 milliards d'euros, une progression pour beaucoup alimentée par d'importantes commandes d'éoliennes aux Etats-Unis et de métros en Arabie Saoudite. Ces derniers temps, Siemens a aussi commencé à résoudre des problèmes industriels qui le plombaient depuis longtemps, avec la livraison à Deutsche Bahn des premiers trains à grande vitesse ICE commandés il y a des années, et le début du raccordement au réseau de champs éoliens offshore en mer du Nord. De l'avis de son nouveau patron, Siemens a fait de bons progrès pour se remettre sur les rails et ramener le calme au sein du groupe. Mais ce n'est qu'un début et il y a encore beaucoup à faire, a ajouté M. Kaeser. Joe Kaeser n'a pas remis en cause le vaste programme de son prédécesseur de 6 milliards d'économies d'ici fin 2014. Il n'y a pour l'heure pas d'alternative à court terme à la gestion des coûts et l'amélioration de la productivité, a-t-il affirmé. Le groupe n'a toujours pas communiqué de nouvel objectif de marge, alors que c'est le renoncement à celui d'une marge d'au moins 12% en 2014 qui avait poussé l'ancien patron Peter Löscher vers la porte. Pour sa première assemblée générale, qui se tenait mardi dernier à Munich, le nouveau patron de Siemens se retrouvait dans une situation bien plus favorable, avec un groupe relativement apaisé, des résultats financiers en progression et un cours boursier revigoré, avec un titre tutoyant de nouveau les 100 euros. Siemens est redevenu la plus grosse capitalisation boursière allemande. L'action du groupe gagnait d'ailleurs 1% à 98,38 euros. Ces chiffres (du premier trimestre) sont bons, contrairement à ceux publiés récemment par ses concurrents, estime Jasko Terzic, analyste chez DZ Bank. Le français Alstom a ainsi dû reporter ses prévisions. Parallèlement à la publication de son bilan trimestriel, Siemens a indiqué mettre un terme à la cotation de son action ADR à la Bourse de New York, où était réalisé moins de 5% des transactions sur le titre de l'entreprise.