L'Union européenne prépare avec les Etats-Unis un important programme d'assistance financière pour l'Ukraine, a indiqué la représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, dans un entretien publié hier par le Wall Street Journal. “L'UE et les Etats-Unis développent un plan - un Plan ukrainien, comme j'ai suggéré qu'ils l'appellent - qui examine ce que nous devons faire dès maintenant dans différents secteurs de l'économie pour améliorer les choses ", a dit Mme Ashton, interrogée par le quotidien américain en marge de la conférence annuelle de Munich sur la sécurité. Mme Ashton, qui est attendue à Kiev cette semaine, n'a pas précisé le montant de l'aide envisagée mais a indiqué que les chiffres ne seront pas modestes. L'aide ne sera pas seulement constituée d'argent, a-t-elle dit. Parmi les pistes envisagée pour aider l'Ukraine, elle a cité la possibilité d'offrir des garanties financières, des aides à l'investissement ou encore le soutien à la monnaie ukrainienne pour assurer sa stabilité. En décembre, le Premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, qui a démissionné depuis, avait chiffré à 20 milliards d'euros l'aide financière dont son pays avait besoin de la part de l'UE. Il avait précisé que cette aide pourrait être une contribution de l'UE dans des investissements et des projets communs profitables pour les deux parties. Cette idée avait reçu l'aval de Varsovie. Plutôt que des sanctions, il est plus important aujourd'hui de garantir une aide à l'Ukraine, y compris financière, a ainsi affirmé le Premier ministre Donald Tusk. Jeudi dernier, à l'issue d'une réunion à Bruxelles avec M. Tusk, le président de la Commission, José Manuel Barroso, a assuré que l'UE demeurait engagée à poursuivre son aide à l'Ukraine notamment via des prêts de la Banque européenne d'investissement (BEI), une assistance technique ou la mise en œuvre d'une offre d'assistance macro-financière. Membre de la délégation du Parlement européen qui s'est rendue à Kiev du 28 au 30 janvier, l'eurodéputé conservateur polonais Pawel Kowal s'est prononcé pour un Plan Marshall en faveur de l'Ukraine. " J'incite les dirigeants européens à envisager un Plan Marshall. Ce n'est pas une question de transfert de fonds, qui est secondaire. Mais il faut une impulsion claire et forte qui donnerait de l'espoir aux manifestants ukrainiens ", a affirmé M. Kowal à son retour d'Ukraine. Pour l'eurodéputé, ce plan, basé sur une union des forces entre l'UE, les Etats-Unis et les institutions internationales, devrait s'appuyer sur deux piliers. Le premier, économique et social, devrait être lié à la modernisation de l'industrie ukrainienne, à la politique énergétique et à des actions économiques communes. Le second doit se diriger vers la jeunesse et la société civile, pour contribuer à la formation d'une élite européenne en Europe de l'Est. Depuis le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer un accord d'association avec l'UE en novembre, l'Ukraine est secouée par une vague de contestation. Le gouvernement ukrainien a privilégié un rapprochement avec la Russie et obtenu de Moscou la promesse d'une aide de 15 milliards de dollars pour maintenir à flot son économie fragile.
Moscou appelle l'opposition à renoncer aux menaces, ultimatums La Russie a appelé, hier, l'opposition ukrainienne à renoncer aux menaces et aux ultimatums, afin de permettre à l'Ukraine de sortir de la crise profonde qui déchire le pays depuis fin novembre, après la volte-face de Kiev face à l'UE. " Nous nous attendons à ce que l'opposition en Ukraine renonce aux menaces et aux ultimatums et intensifie le dialogue avec les autorités pour que le pays puisse sortir de la crise profonde, tout en restant dans le cadre constitutionnel ", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. La Russie est très préoccupée par l'aspiration des forces d'opposition ukrainiennes à faire en sorte que la situation se détériore davantage dans le pays, indique le ministère, en rappelant notamment que l'un des dirigeants de l'opposition a publiquement appelé les Ukrainiens à organiser des manifestations devant les sièges des administrations locales dans les régions. Cela va directement à l'encontre des déclarations de l'opposition sur sa fidélité à la démocratie et aux valeurs européennes, souligne le communiqué. Moscou est perplexe, car de telles mesures provocatrices sont prises juste après les récents contacts à Munich entre les dirigeants de l'opposition et des représentants des pays occidentaux, ajoute-t-il. L'Ukraine est confrontée à une crise politique sans précédent depuis plus de deux mois. Le centre de Kiev, la capitale ukrainienne, entouré par des barricades est occupé par des manifestants pro-européens depuis la volte-face pro-russe du pouvoir au détriment d'un rapprochement avec l'Union européenne.