La croissance a accéléré au quatrième trimestre dans la zone euro, et s'est établie légèrement au-dessus des attentes, a annoncé, avant-hier, l'Office européen des statistiques (Eurostat). D'octobre à décembre, le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro a progressé de 0,3%, après une hausse de 0,1% les trois mois précédents, selon une première estimation. La plupart des analystes tablaient sur une hausse de seulement 0,2% au quatrième trimestre. La croissance a été meilleure que prévu en Allemagne, la première économie de la zone, à 0,4% (contre +0,3% attendu). Le PIB français a lui progressé de 0,3%, comme prévu. En Italie, le rebond a été moindre (+0,1%), mais le pays a renoué avec une modeste croissance, la première après huit trimestres consécutifs de contraction et un trimestre de stagnation. Pour la première fois en trois ans, les six premières économies de la zone euro voient leur activité économique progresser, les Pays-Bas en tête (+0,7%) suivis par l'Allemagne et la Belgique (+0,4% chacun), souligne Martin Van Vliet, économiste pour la banque ING. Aucune indication n'a été donnée sur les composants de la croissance, mais il semble que les exportations, en Allemagne notamment, ainsi que l'investissement, aient soutenu l'activité. En revanche, la consommation, autre moteur de la croissance, reste à la traîne. Une reprise solide n'est toutefois pas garantie, pointe l'économiste d'ING, citant la vigueur de l'euro, qui pèse sur les exportations, et les turbulences dans les marchés émergents. Qui plus est, avec un PIB de près de 3% en-deçà de son pic de 2008, les risques de déflation sont importants, en particulier dans les pays les plus fragiles, estime Jonathan Loynes de Capital Economics. Moins spectaculaire que l'inflation galopante, la déflation est tout aussi dangereuse car elle crée un cercle vicieux dont il est difficile de sortir: face à des prix qui baissent, les consommateurs diffèrent leurs achats, les entreprises réduisent leur production et finissent par baisser les salaires voire supprimer des emplois. Résultat: la machine économique est complètement grippée. Sur l'ensemble de l'année 2013, la zone euro est en récession avec un PIB en baisse de 0,4%, un chiffre conforme aux prévisions faites par la Commission européenne à l'automne. Les pays de l'Union monétaire restent à la traîne par rapport aux Etats-Unis, qui ont affiché une croissance de 0,8% au quatrième trimestre (après +1,0% au troisième). Même constat avec le Royaume-Uni, qui affiche une santé insolente avec une croissance de 0,7% fin 2013 et de 1,9% sur l'ensemble de l'année. Pour 2014, la Banque d'Angleterre (BoE) vient même de relever sa prévision de croissance et table désormais sur une hausse de 3,4%. La croissance de l'Union européenne dans son ensemble (28 pays) a été de +0,4% au quatrième trimestre et de +0,1% en 2013, selon Eurostat. Elle devrait accélérer cette année, avec une hausse du PIB de 1,1%, selon les prévisions de Bruxelles.
Tendance fragile "Un niveau d'activité encore significativement plus faible que cinq ans auparavant signifie notamment que des capacités de production inutilisées perdurent", en premier lieu sur le marché du travail, souligne-t-on chez Aurel, alors que le chômage évolue toujours à des niveaux record d'environ 12% dans la zone euro. A ce climat difficile, s'ajoutent désormais les craintes de déflation. En janvier, l'inflation a ralenti à 0,7%, après 0,8% en décembre et 0,9% en novembre. Moins spectaculaire que l'inflation galopante, la déflation est tout aussi dangereuse car elle crée un cercle vicieux dont il est difficile de sortir, comme l'illustre la situation du Japon, aux prises avec ce mal depuis 15 ans. Face à des prix qui baissent, les consommateurs diffèrent leurs achats, les entreprises réduisent leur production et finissent par baisser les salaires voire supprimer des emplois. Résultat: la machine économique est complètement grippée. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a récemment mis en garde contre "des risques croissants de déflation qui pourraient être désastreux pour la reprise", affirmant que cet "ogre doit être combattu". Mais cette analyse n'est pas partagée par tous. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, vient de récuser ce scénario. "Il n'y a pas de déflation en zone euro", a-t-il assuré la semaine dernière. Il a toutefois admis qu'une "inflation faible prolongée est un risque pour la reprise" et "pour le niveau de la dette". "Nous sommes en état d'alerte concernant ces risques et sommes prêts à agir", a-t-il assuré.