Cinquième producteur de pétrole d'Amérique latine, l'Equateur devrait réintégrer prochainement l'Opep. C'est du moins ce qu'a indiqué lundi le ministère équatorien des Mines et du Pétrole. Dans son communiqué, le ministère a précisé que l'Equateur allait réintégrer l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) “pour se renforcer” et bénéficier des conseils d'autres pays en matière de pétrole. “Le pays pourra ainsi bénéficier des politiques de commerce international que mène l'Opep, avoir accès à une documentation sur les marchés à terme, aux conseils de ses membres et à l'appui de l'Organisation pour la réalisation de ses politiques”, a ajouté ce communiqué. Par ailleurs, le président équatorien, Rafael Correa, a annoncé qu'il se rendrait peut-être en Arabie saoudite en novembre, de loin le premier exportateur de pétrole au monde et l'organisateur du troisième sommet de l'Opep (les 17 et 18 novembre à Riayd) pour y concrétiser sa réintégration. Depuis son arrivée à la tête de l'Etat, le président Rafael Correa n'a pas caché son intention de faire réintégrer son pays à l'Opep. Une fois la réintégration concrétisée, l'Equateur deviendrait, après l'avoir quittée en 1992, le 13e membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui réunit l'Algérie, l'Angola, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes Unis, l'Indonésie, l'Iran, l'Irak, le Koweït, la Libye, le Nigeria, le Qatar et le Venezuela. Pour rappel, l'Equateur avait intégré le cartel le 20 novembre 1973 et en était sorti 19 années plus tard, ne parvenant pas à respecter son quota de production. Le pays a aussi laissé derrière lui une ardoise de cotisations impayées de 5,2 millions de dollars. Jeudi, le président Correa avait également déclaré que l'Etat équatorien conserverait désormais 99% des revenus extraordinaires des ventes de pétrole dus aux hausses des prix du carburant. M. Correa avait annoncé cette mesure au moment où son gouvernement renégocie des contrats pétroliers avec cinq multinationales étrangères (France, Brésil, Chine, Etats-Unis et Espagne). Ce n'est pas le premier coup de tonnerre pour les pétroliers en Equateur : l'an dernier, une première réforme avait imposé le prélèvement de 50% sur les gains extraordinaires. En représailles, Washington avait gelé un accord de libre-échange. Aujourd'hui, le pouvoir se défend des accusations de nationalisation en affirmant que le pétrole est, selon la Constitution, propriété de l'Etat. “Nous allons négocier un nouveau type de contrats” avec les entreprises récalcitrantes, a juste tempéré le ministre Galo Chiriboga. Les textes en préparation transformeraient les entreprises en simples sous-traitantes, à l'instar de ce que tente d'établir depuis l'an dernier en Bolivie le président Evo Morales. Les deux voisins socialistes s'engouffrent ainsi dans la brèche ouverte par leur homologue vénézuélien Hugo Chavez, qui a augmenté depuis 2001 la part de l'Etat dans les bénéfices pétroliers. Dans la région andine, seule la Colombie, qui vient de privatiser une part minoritaire de son entreprise publique pétrolière, semble échapper à la tendance.