Une autre déconvenue pour le président américain, Bush. Le camp latino de ses ennemis s'est élargi à l'Equateur où Rafaël Correa, candidat de la gauche à l'élection présidentielle, a clamé victoire à l'issue d'un second tour qu'il a remporté haut la main, selon les estimations et les sondages réalisés à la sortie des urnes. Son adversaire, le conservateur Alvaro Noboa, proche de Washington, a assuré qu'il n'hésiterait pas, si nécessaire, à demander un nouveau dépouillement ! Correa deviendra le deuxième dirigeant d'un pays latino-américain à s'inspirer de la révolution bolivarienne, prônée par le président vénézuélien Hugo Chavez, la bête noire de Bush. Chavez voit ainsi s'élargir son réseau d'alliance dans l'hémisphère sud des Amériques hostile au libéralisme prôné par leur voisin. Prudent, le nouveau président de l'Equateur s'est contenté de déclarer n'être que l'instrument du pouvoir populaire. Correa doit, en effet, tenir compte des pressions américaines mais aussi d'une partie des électeurs de la classe moyenne effrayée par son rapprochement avec Chavez. Cet ancien ministre des Finances, âgé de 43 ans et formé aux Etats-Unis, a fait savoir qu'il pourrait réclamer la réintégration de Quito au sein de l'Organisation des pays exportateur de pétrole (Opep). Cinquième producteur d'Amérique latine, l'Equateur a quitté le cartel en 1992. Il a en outre annoncé son intention de confier le ministère de l'Economie à Ricardo Patino, chef de file d'un mouvement qui milite pour l'annulation de la dette extérieure, et celui de l'Energie à Alberto Acosta, adversaire de la zone de libre échange que les Etats-Unis s'efforcent de mettre sur pied. Le nouveau président a prôné la fermeture de la base américaine de Manta. Les élections s'étaient déroulées sous haute surveillance : l'OEA a envoyé une mission de 80 observateurs et près de 80 000 militaires et policiers avaient été mobilisés sur l'ensemble du territoire pour surveiller le vote. L'Equateur, premier exportateur mondial de bananes, souffre d'une instabilité politique qui a conduit, en dix ans, au départ de trois présidents, victimes de la rue ou d'un Parlement hostile. Le rival de Correa est la première fortune du pays, un exportateur de bananes complètement rivé sur les Etats-Unis. D. Bouatta