Aucun organisme chargé d'appliquer la loi ukrainienne n'a émis ou reçu l'ordre officiel d'arrêter Viktor Ianoukovitch, président ukrainien destitué dimanche par la Rada Suprême, a écrit hier le journal " Kommersant-Ukraine ". "L'avis de recherche officiel contre Viktor Ianoukovitch n'a été reçu par aucun organisme chargé d'appliquer la loi. Aucun de ces derniers n'a par ailleurs voulu assumer la responsabilité d'avoir émis cet avis", indique la source dans un communiqué. Les services de la douane ont ainsi fait savoir n'avoir reçu aucune directive interdisant le président Ianoukovitch ou d'autres hauts fonctionnaires d'Etat de quitter le sol ukrainien. Le délégué ukrainien aux Affaires intérieures Arsène Avakov a annoncé lundi sur sa page Facebook qu'un avis de recherche avait été lancé contre Viktor Ianoukovitch. Toutefois, aucune confirmation officielle n'a suivi.
Moscou prône la non-ingérence Moscou ne s'ingère pas dans la situation politique en Ukraine et espère que ses partenaires internationaux suivront la même logique, a déclaré mardi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à l'issue de négociations avec son homologue luxembourgeois Jean Asselborn. "Nous avons confirmé notre position de principe, celle de ne pas nous ingérer dans les affaires internes de l'Etat ukrainien. Nous comptons sur le fait que tout le monde suivra une logique similaire et profitera de ses contacts avec les différentes forces politiques ukrainiennes pour les convaincre de calmer la situation dans le pays et de s'abstenir de chercher à obtenir des privilèges unilatéraux (…) à un moment où un dialogue national et le retour au droit sont nécessaires", a indiqué le ministre. Samedi 22 février, au mépris des ententes entre les chefs de file de l'opposition et le président Viktor Ianoukovitch et sans attendre que ce dernier signe une loi autorisant le retour au régime parlementaire en Ukraine, la Rada suprême (parlement) a modifié la Constitution et nommé un nouveau président du parlement ainsi qu'un nouveau ministre de l'Intérieur.
Le scénario ukrainien impossible Une réédition du scénario ukrainien serait impossible en Russie, estime le président de la fraction parlementaire de Russie unie et vice-président de la Douma (chambre basse) Vladimir Vassiliev. "Beaucoup se demandent si ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine pourrait arriver chez nous. Chez nous, c'est impossible… Nous avons une autre société et des forces politiques différentes", a déclaré mardi M. Vassiliev devant les députés de la Douma. Il a rappelé que la Russie comptait déjà 75 partis politiques, dont 11 prendraient part aux prochaines élections législatives. Le député a invité les autorités ukrainiennes actuelles à garantir les droits de l'Homme et à honorer les engagements internationaux de leur pays. "Nous suivons attentivement les événements en cours en Ukraine", a indiqué le vice-président de la Douma, qui a par ailleurs reproché à l'Occident d'être partiellement responsable de ces événements. "Lors des tensions en Ukraine, certains représentants des administrations d'Europe et des Etats-Unis ont tenté d'éteindre le feu avec de l'huile. Eh bien, l'objectif est atteint !" a constaté le parlementaire.
L'aide russe dépend du futur gouvernement Avant d'aider Kiev, Moscou doit étudier le programme et la composition du futur gouvernement ukrainien, a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Nous voudrions savoir qui fera partie du gouvernement en cours de formation en Ukraine, quel sera le programme de ce nouveau gouvernement, y compris le programme de stabilisation économique", a indiqué M. Lavrov à l'issue de négociations avec son homologue luxembourgeois Jean Asselborn en visite à Moscou. Selon M. Lavrov, "il est aujourd'hui très important de réunir les conditions pour un redressement et un développement économiques normaux, ce qui nécessite un arrêt immédiat des violences, le rétablissement de l'ordre légal et une réconciliation nationale".