Les prix du pétrole ont évolué vendredi à New York à leurs sommets, terminant sur un record de clôture. Les cours du brut ont repassé en séance la barre des 84 dollars, montant jusqu'à 84,05 dollars, à 5 cents de son dernier record (84,10 dollars, le 20 septembre), qui avait été atteint lors des échanges électroniques d'après-séance. Jeudi, les cours du brut ont pris près de deux dollars, dans un mouvement qui s'est accéléré juste après la publication des stocks de brut américains pendant la semaine achevée le 5 octobre. En effet, contrairement aux prévisions de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), les stocks ont baissé de 1,7 million de barils à 320,1 millions. Les économistes attendaient en moyenne une hausse de 900 000 barils. Les stocks d'essence ont en revanche beaucoup plus augmenté que prévu, de 1,7 million de barils à 193 millions, contre une hausse de 100 000 barils attendus. Les réserves de produits distillés, qui incluent le fioul domestique, ont baissé de 600 000 barils à 135,3 millions, alors que le marché anticipait un retrait de 400 000 barils. Le taux d'utilisation des capacités des raffineries a augmenté de 0,3 point à 87,8%. Renforçant encore les inquiétudes sur les approvisionnements en pétrole pour cet hiver, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) a souligné, dans son rapport mensuel, la précarité de l'approvisionnement dans les pays de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). L'AIE craint toujours une insuffisance des stocks pour répondre à la demande hivernale. "Quelles que soient les prévisions que vous prenez, il y a un consensus total sur le fait que les stocks vont baisser au quatrième trimestre", a souligné Lawrence Eagles, chef analyste de l'AIE, insistant sur le fait que "même l'an dernier, alors que nous avions eu un hiver doux, la demande avait augmenté de 1,4 mbj entre le 3ème et le 4ème trimestres". "Le marché a besoin d'être rassuré sur le fait que les stocks vont être approvisionnés", insiste l'analyste, dans un message à destination de l'Opep. Cette nouvelle hausse des cours est également, portée par les inquiétudes sur les tensions entre la Turquie et la partie kurde de l'Irak. Même s'il ne s'agit pas "du facteur qui tire en premier le marché", selon Eric Wittenauer, analyste d'AG Edwards, les opérateurs s'inquiètent de l'éventualité d'une intervention de la Turquie dans la partie kurde de l'Irak. La Turquie a affirmé mardi qu'elle lancerait "si nécessaire" des opérations transfrontalières pour éradiquer les camps de l'organisation séparatiste armée du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) installés dans le nord de l'Irak. Vendredi, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est dit prêt à faire face à la réprobation internationale au cas où son pays déciderait d'attaquer les bases en Irak des rebelles kurdes de Turquie. Le pétrole extrait des champs de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, est exporté via un oléoduc qui traverse cette zone avant de rejoindre le terminal turc de Ceyhan, sur la Méditerranée. Par ailleurs, "le marché s'était calmé par rapport à ce qu'on supposait être une économie atone, mais nous avons eu des données ces derniers jours qui ne montrent pas encore de ralentissement économique", a expliqué M. Kilduff. Cela signifie que la demande va rester forte, selon l'analyste. Vendredi notamment, ont été publiées une progression des ventes de détail de 0,6% en septembre par rapport à août, supérieure aux attentes, et une hausse de seulement 0,1% des prix à la production en septembre, hors énergie et alimentation, ce qui sont des signes d'une consommation persistante et d'une inflation continue. Selon John Kilduff, analyste de MF Global, la semaine prochaine devrait débuter par un repli des cours du brut, "surtout si le week-end a été calme sur le plan géopolitique".