Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil a assuré, hier, que le "pétrole restera commercialisé et pendant longtemps en dollars". Il n'y a pas de consensus sur cette question relative à l'amortissement de la dévaluation du dollar par rapport à l'euro, notamment pour l'Algérie qui a acheté en euro et vend en dollar. Pour M. Chakib Khelil, qui assurera la présidence tournante de l'OPEP à partir du mois de janvier prochain, la dévaluation du dollar par rapport à la monnaie européenne conduit indirectement à une hausse des prix du pétrole et, "l'Algérie n'a pas perdu en terme de pouvoir d'achat puisque le brut a augmenté de plus de 30 % en 2007". "Le pétrole est commercialisé en dollar. Une situation qui restera pendant longtemps. Le problème qui se pose pour certains pays comme l'Algérie, c'est qu'ils vendent pratiquement leur pétrole en dollar et cela constitue 98 % des revenus de l'Etat en dollars", explique le ministre ajoutant que l'Algérie importe beaucoup de la zone euro et ce en euro. Ainsi, et du fait de la dévaluation du dollar par rapport à l'euro, il y a, selon le ministre, une perte du pouvoir d'achat de l'Algérie pour la partie concernant ses achats estimés à plus de 60 %. Liant sa réflexion à la situation monétaire actuelle, il est évident pour lui qu'on achète beaucoup dans la mesure où cela continue à se faire en euro. Il préconise la meilleure solution d'acheter beaucoup plus dans la zone dollar pour "garder le même pouvoir d'achat" avertissant que ceci n'est pas pratique et peut changer du jour au lendemain. Par ailleurs, le ministre souligne que le renforcement de l'euro par rapport au dollar, fait en sorte que le prix du pétrole brut pour l'Europe est beaucoup moins "sévère. Les augmentations du prix du pétrole sont moins sévères pour la zone euro que pour la zone dollar". Cela signifie qu'en terme d'augmentation du prix du pétrole et si l'on considère l'évolution durant les deux dernières années, l'impact sur la zone euro n'a pas été très important. D'après M. Chakib Khelil, la zone euro est gagnante de la dévaluation du dollar. Le problème qui se pose pour les pays membres de l'OPEP et pour tous les pays producteurs de pétrole, c'est justement cette perte du pouvoir d'achat. A partir de cela, le prix du pétrole reste en dollar et si cette monnaie est dévaluée, c'est automatiquement la baisse du pouvoir d'achat. "Cette perte du pouvoir d'achat incite les pays producteurs à demander des prix de plus en plus élevés pour le pétrole brut et ce, dans l'objectif de maintenir ce pouvoir d'achat", a encore déclaré le ministre. De cette manière là, et indirectement "la dévaluation du dollar par rapport à l'euro conduit indirectement à une augmentation des prix du pétrole. Donc, les pays producteurs, notamment ceux qui achètent la plupart de leurs produits matériels en euro, demandent de maintenir ce pouvoir d'achat", indique-t-il. Il y a beaucoup de pays membres de l'OPEP qui pratiquement achètent tout en dollar parce qu'il n'y a pas cette incitation à changer le dollar en euro. Sur cette même question, le ministre de l'Energie et des Mines, qui sera le prochain président du Cartel, indique qu'il y aura un débat sur le sujet au sein de l'organisation. "Le débat est à l'ordre du jour. Plusieurs ministres membres de l'OPEP ont déjà exprimé leurs avis sur la question". Et de son avis, les prochaines rencontres de l'OPEP prévues à Abu-Dhabi, le 5 décembre 2007, et suite à la réunion de mars 2008, "il y aura probablement une discussion sur la question. Cela dépendra beaucoup de la situation du prix du pétrole à ce moment- là. Si le prix du pétrole va s'élever à ce niveau, il y aura moins d'incitation de pays qui demandent un changement de faire passer leur message et avoir un consensus là-dessus". Il avertit qu'en cas de chute des prix du pétrole, les membres de l'OPEP "vont avoir un argument plus fort pour maintenir les prix assez élevés pour maintenir le pouvoir d'achat de ces pays-là". Il s'avère, selon les propos du ministre, que le problème n'est pas seulement le prix du pétrole, il y a aussi un "problème de la politique du taux de change au niveau des différents pays membres". D'après lui, certains pays doivent revoir la valeur de leur monnaie locale par rapport aux différentes monnaies. Il indique que certains pays ont décidé que leur monnaie doit être réévaluée en fonction d'un "panier de monnaie. Par exemple, un pourcentage en dollar et un autre en euro pour essayer d'amortir le choc d'une dévaluation excessive du dollar. Les pays qui ont leur monnaie liée directement au dollar, la verront se dévaluer en fonction du temps et donc, c'est la perte du pouvoir d'achat". L'autre façon d'amortir soulevée par le ministre, c'est de faire des achats beaucoup plus en dollar qu'en euro, une politique pour orienter les achats d'équipement de matériel, de service qui se font actuellement dans la zone euro et de les orienter vers la zone dollar. Il ne faudrait pas considérer seulement la zone des Etats-Unis, mais aussi des zones telles que la Chine dont la moyenne est fortement liée au dollar". La vente du pétrole de l'Algérie, s'est toujours exprimée en dollar, les autorités monétaires ont décidé de la maintenir, et d'après M. Chakib Khelil, il n'y a pas de changement à ce niveau-là. Ce type de changement devra être évalué dans le cadre d'une étude pour cet impact. "Le problème qui se pose toujours dans cette situation, il faut être sûr que ce changement ou cette dévaluation doit rester dans le temps". Il pense que les économistes ont beaucoup de difficultés à évaluer cette probabilité dans l'avenir.