Les marchés du crédit mondiaux ont subi un "séisme" et la question est maintenant de savoir si l'économie mondiale est à un tournant après cinq années de forte croissance, a déclaré le directeur général du Fonds monétaire international (FMI). S'adressant aux 185 pays membres du Fonds, Rodrigo Rato a mis en avant le danger de répliques sur les marchés. Selon lui, les répercussions d'ensemble de la crise du crédit, qui trouve son origine dans les troubles du crédit immobilier à risque (subprime) aux Etats-Unis, ne sont pas encore pleinement saisies. "Nous savons déjà qu'il est vain de vouloir parer aux crises par un arsenal réglementaire: ce serait comme tenter d'interdire les séismes", a-t-il déclaré. "Mais il faut s'attaquer aux faiblesses de notre infrastructure qui ont été mises au jour"."Il s'agit de savoir à présent si l'économie mondiale est à un tournant", a-t-il ajouté. Le directeur général sortant du FMI a observé que dans les pays développés, les bilans des entreprises étaient solides et les marchés de l'emploi en général sains. "Pour ces motifs, nous prévoyons un ralentissement de la croissance mais pas une récession aux Etats-Unis et un ralentissement moins marqué dans d'autres pays avancés", a poursuivi Rodrigo Rato, notant que les pays émergents étaient devenus une source de stabilité dans l'économie mondiale. Il a également dit que les risques pour l'économie mondiale étaient plus élevés qu'il y a six mois et que les turbulences des marchés étaient peut-être un avertissement, les bonnes choses ne durant pas éternellement. Ainsi, de nouvelles perturbations sur les marchés financiers et de nouvelles baisses des prix de l'immobilier pourraient déboucher sur un ralentissement bien plus prononcé. Pour l'instant, les mouvements des taux de change ont été ordonnés et conformes aux fondamentaux économiques mais une baisse brutale du dollar pourrait provoquer une perte de confiance envers les actifs libellés en dollar, a poursuivi le directeur général du FMI. Il y a également le risque que la hausse d'autres monnaies, comme l'euro, ne vienne gâter les perspectives de croissance des régions concernées, selon Rodrigo Rato. Enfin, les pays émergents qui se sont appuyés sur des financements externes pour financer de gros déficits des comptes courants pourraient se retrouver en crise du fait d'une baisse de la demande pour leurs exportations et de conditions de financement plus strictes sur les marchés financiers.