Alors que l'Algérie célébrait le cinquantenaire de son indépendance, le premier président de la République algérienne indépendante s'est éteint, mercredi 11 avril 2013. Il a été l'un des chefs historiques à l'origine du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Fondateur du FLN avec ses autres compagnons de lutte, il a été désigné à la tête du nouvel Etat algérien indépendant en 1962. Son programme politique lancé et réactualisé en 1963, donna les prémices de la trajectoire sûre de l'Algérie. Fervent adepte du socialisme de masse, il n'hésita pas dans un volontarisme de combattant à nationaliser les terres agricoles et de nombreuses entreprises stratégiques. Dans le même élan, il lança le processus d'arabisation de l'enseignement à tous les échelons, la campagne d'alphabétisme, pour marquer, avait-il tonné, la rupture avec l'école coloniale française. Au lendemain de la crise de 1963, feu le président Ahmed Ben Bella, n'ayant à aucun moment oublié sa pédagogie ouverte comme un des devoirs de sa charge, a su protéger l'unité nationale et cette grande nécessité de l'enseignement, à tous les Algériens, d'écarter de leur chemin les erreurs communes poussant à la division, de faire comprendre exactement ce que le peuple peut attendre de son indépendance et de sa liberté, mais aussi comment manier les principes du socialisme pour en obtenir les résultats les plus féconds. Et qui aurait pu le faire mieux qu'Ahmed Ben Bella, lui qui a placé au centre de sa vie l'Algérie et rien d'autre. Si le parcours de sa lutte révolutionnaire a permis une nouvelle approche de l'Histoire de l'Algérie et du panafricanisme, il est reconnu que tout est à mettre sur son crédit, tout a été positif, mais, comme on le sait, au prix de dégâts pour sa propre personne. Le coup d'Etat, dont il a été la cible au mois de juin 1965, reste à ce jour une énigme pour les Algériens, surtout que le temps de passage du président Ahmed Ben Bella à la tête du pays, qui venait juste de sortir d'une longue et affreuse colonisation, a été le moment en précision, en clarté, en fermeté, pour aborder les tâches prioritaires pour l'édification d'un Etat sérieux à travers un appareil étatique solide et stable pour faire face au développement post-indépendance. En ce premier anniversaire de la mort du premier président de l'Algérie indépendante, par fidélité à sa grande mémoire, il est opportun de souligner qu'Ahmed Ben Bella a été le primo-politique de l'Algérie indépendante à focaliser son pouvoir non "personnel" mais collectif sur la notion d'Etat populaire selon la terminologie moderne fixée par le Message de Novembre 54, ainsi que sur la souveraineté qui s'affirme d'abord au plan interne. Malheureusement, l'œuvre qu'il a entamée, en voulant surtout réorganisé le parti unique de l'époque, en l'occurrence le FLN, puis par la suite ouvrir le pays vers un pluralisme politique, a été freinée par le soi-disant "redressement révolutionnaire". Ce "redressement" a-t-il été lié aux problèmes concernant la lutte de classes, aux contradictions dans la structure de l'Etat, au rôle du parti FLN et autres institutions, y compris l'ANP, dans le cadre du nouvel Etat indépendant? Des interrogations toujours sans réponses pour la nouvelle génération. Cette nouvelle génération, qui, par la suite, a connu ce géant politique du XX siècle que fut Ben Bella, a compris que son œuvre, accomplie dans un temps très court, est une source d'inspiration pour les générations présentes et futures et ce, en dépit des griffes qui lui ont porté les membres du Conseil de la Révolution sous l'ère de feu Houari Boumediene. Premier bâtisseur de l'Algérie socialiste, pionnier du panafricanisme, théoricien, à l'instar de Kwamé Nkrumah, de la lutte contre la force moderne et sournoise de l'oppression des peuples du tiers- monde, en l'occurrence le néo-colonialisme, Ben Bella fut aussi un tacticien habile, un positiviste dans l'action des mouvements de libération en Afrique et en Amérique latine.