Un diplomate tunisien a été enlevé avant-hier par des inconnus à Tripoli, 48 heures après le rapt de l'ambassadeur jordanien dans cette même ville, selon une source au sein des services de sécurité libyens. Le ministère tunisien des Affaires étrangères a évoqué la disparition dans des circonstances obscures de ce diplomate, Al-Aroussi Kontassi, mais sans confirmer qu'il s'agissait d'un enlèvement. Et le porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères, Saïd Lassoued, a indiqué qu'il n'était pas en mesure de démentir ou de confirmer l'information. Une source tunisienne à Tripoli a toutefois confirmé le rapt, du diplomate mais n'était pas en mesure de donner plus de détails. Le diplomate aurait été enlevé par des inconnus près de la place al-Kadissia, dans le centre de la capitale, non loin de l'ambassade tunisienne, selon un responsable de la Direction de la police de Tripoli cité par le site d'information libyen Al-Wassat. Dans la soirée, le ministère tunisien des Affaires étrangère a appelé les membres de la communauté tunisienne en Libye à la prudence dans leurs déplacements pour préserver leur sécurité dans ces circonstances exceptionnelles. Il a également appelé les Tunisiens à reporter tout déplacement sur le territoire libyen et à ne le faire qu'en cas de besoin. Les autorités tunisiennes sont profondément préoccupées par le fait que les diplomates tunisiens soient visés en Libye, poursuit le ministère dans son communiqué. Un autre employé de l'ambassade de Tunisie en Libye a été enlevé par des inconnus le 21 mars à Tripoli, sans qu'aucune information sur son sort n'ait été communiquée depuis. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les représentations diplomatiques en Libye sont régulièrement la cible d'attaques et d'enlèvements. Cinq diplomates égyptiens ont été enlevés en janvier et détenus durant deux jours par une milice qui aurait réclamé la libération de son chef arrêté en Egypte. Lundi soir, une employée locale de sécurité de l'ambassade américaine à Tripoli a été enlevée puis retrouvée le lendemain dans un hôpital de la capitale. Elle était hospitalisée pour des blessures après avoir échappé à ses ravisseurs, a indiqué Joe Mellott, porte-parole de l'ambassade. Selon des sources diplomatiques à Tripoli, ces enlèvements sont souvent perpétrés par des milices qui tentent d'obtenir la libération de Libyens détenus à l'étranger. Ainsi, des sources libyennes n'écartent pas que l'enlèvement mardi de l'ambassadeur jordanien en Libye, Fawaz Aitan, ait un lien avec les demandes de libération d'un djihadiste détenu en Jordanie depuis plus de sept ans, Mohamed Saïd Al-Doursi, alias Mohamed Al-Noss. Concernant cette dernière affaire, le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, a indiqué la veille que les services de sécurité libyens avaient établi des contacts indirects avec les ravisseurs. Les chancelleries elles-mêmes ont été à plusieurs reprises visées par des attaques. La plus meurtrière a eu lieu le 11 septembre 2012 quand des islamistes ont pris d'assaut le consulat américain à Benghazi (est), coûtant la vie à quatre Américains dont l'ambassadeur Chris Stevens. La répétition de ces attaques, dans l'impunité la plus totale, a mis en évidence l'incapacité des nouvelles autorités libyennes à rétablir l'ordre dans ce pays en proie au chaos et où les milices font la loi depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi.