De l'avis de la majorité des observateurs dans le sens le plus large du terme, l'élection présidentielle de jeudi dernier s'est déroulée dans de "bonnes conditions", à l'exception de quelques incidents mineurs enregistrés dans certaines régions ". C'est d'ailleurs le premier constat fait vendredi dernier à Alger par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, avant d'annoncer les résultats du scrutin. M. Belaiz a tenu également à remarquer que "Ces incidents n'ont pas eu un impact sur le déroulement du processus électoral", avant de relever que l'opération électorale a été marquée par "des pratiques démocratiques loin de toute violence physique ou verbale".
Ali Benflis : Refus des résultats et appel à la création d'un "rassemblement patriotique" Déçu par les résultats du scrutin, le candidat indépendant à l'élection présidentielle Ali Benflis a déclaré : "J'annonce à toutes mes concitoyennes et à tous mes concitoyens que je ne saurais sous aucune forme et en aucune circonstance, accepter les résultats qui découleraient de cette entreprise frauduleuse", a-t-il souligné dans une déclaration lue au niveau de sa direction de campagne devant la presse, en réaction aux "informations préliminaires" qui lui sont parvenues. En condamnant avec "force le recours à la fraude", Ali Benflis a affirmé qu'il "s'opposera, de toute son énergie, à ce coup de force électoral" en usant de tous les "moyens politiques pacifiques" ainsi que de "toutes les voies légales" à sa disposition pour que "prévale le choix souverain de notre peuple". Le candidat à la plus haute fonction de l'Etat a relevé que les informations préliminaires "en sa possession établissaient l'existence d'une opération de fraude à grande échelle", qui s'est "amplifiée au fur et à mesure de l'approche de la clôture des opérations" de vote, selon lui. Rappelant qu'il a prôné le changement "ordonné et pacifique", le postulant à la présidence de la République a lancé un appel "à l'ensemble des forces politiques et sociales du pays afin d'engager des larges concertations, ouvertes, pour arriver collectivement à une voie de résistance politique et pacifique qui pourrait faire sortir l'Algérie de son dangereux marasme", a-t-il dit. Ali Benflis a annoncé la création prochaine d'un large "rassemblement patriotique" au service de la République. Sans donner de détails quant à la nature de ce rassemblement, le candidat Benflis a indiqué qu'il a appelé et renouvelle son appel "à un grand rassemblement patriotique au service de la République", expliquant que "la situation inédite (...) exige une réaction patriotique de toutes les forces politiques et sociales soucieuses des intérêts vitaux de notre peuple", a-t-il souligné. "Bientôt, je vous annoncerai la forme et le contenu de ce combat politique d'avenir qui devra être en symbiose avec son environnement politique et social national", a-t-il dit. Enfin, Ali Benflis, qui s'est présenté pour la seconde fois à l'élection présidentielle après son expérience de 2004, considère que son "échec a été préparé, planifié, et organisé par une coalition qui porte trois noms: la fraude, l'argent douteux et certains relais médiatiques".
Abdelaziz Belaid : Résultats positifs pour une Algérie forte et moderne En réussissant à arracher la 3e place à l'issue du scrutin, le président du Front El Moustakabal, Abdelaziz Belaid, a estimé que "Les résultats préliminaires proclamés à l'issue du scrutin présidentiel me classant troisième parmi les six candidats en lice pour la présidentielle sont un succès pour le Front El Moustakbal créé il y a juste deux ans". Il a déclaré que les résultats de l'élection présidentielle étaient "positifs", ajoutant que son parti politique a pu "grâce à un programme politique, économique et social réel et concret" proposer une "véritable alternative". M. Belaid a affirmé que le scrutin électoral s'est déroulé dans des conditions "ordinaires", relevant toutefois des "incidents enregistrés dans certains bureaux de vote" qui n'avaient, selon lui, "aucun impact sur le déroulement du scrutin". Abdelaziz Belaïd a appelé, à cette occasion, à rassembler tous les efforts et idées pour bâtir une Algérie "forte et moderne". Enfin, le président du Front El Moustakabal, Abdelaziz Belaid a salué le président Abdelaziz Bouteflika pour sa réélection à la magistrature suprême, ainsi que les autres candidats à la présidentielle de 2014.
Moussa Touati : Constat des Dépassements dangereux et recours au Conseil constitutionnel Le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, a déclaré : "Je dénonce les dépassements dangereux constatés durant toute l'opération de vote pour l'élection présidentielle de jeudi", avant de déplorer un taux de participation "trop gonflé". "Il y a des dépassements et une transgression de la loi à travers les bureaux et centres de vote", a-t-il encore déploré, estimant que tous les candidats n'ont pas été traités de "manière équitable". Pour M. Touati, le taux de participation "réel" devrait se situer "entre 5 et 15 %", rejetant le taux annoncé par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales (51,70%). "Sur quelle base le ministre de l'Intérieur a affirmé que le taux de participation de 2014 est meilleur à celui de 2009", s'est encore interrogé M.Touati, se disant "déçu, non satisfait et non convaincu" par les premiers résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur. Dans ce même ordre d'idées, M. Touati a fait savoir qu'une fois les résultats proclamés, il saisira le Conseil constitutionnel pour formuler des recours et "fournir des preuves" attestant que le scrutin "n'a pas été juste et régulier". Il a demandé à "enquêter" sur l'argent utilisé par les candidats pour le financement de leur campagne électorale, rappelant que le seuil de 60 millions DA "ne devrait pas être dépassé" par les candidats. "Certains candidats ont dépassé ce seuil de dix fois ou plus sans qu'ils ne soient rappelés à l'ordre", a indiqué M. Touati qui s'est ainsi interrogé sur la provenance de cet argent. Concernant des avis "favorables" et "satisfaisants" émis par les observateurs internationaux sur le déroulement du vote, le président du FNA a indiqué que l'Algérie "n'est pas un pays en situation de guerre et la présence des observateurs n'est pas justifiée". "Ces observateurs sont des salariés et n'ont pas le droit d'émettre le moindre avis sur le déroulement des élections en Algérie", a-t-il conclu.
Ali Fewzi Rebaïne : Contestation des résultats préliminaires pour irrégularités Le candidat du parti Ahd 54, Ali Fewzi Rebaïne, à l'élection présidentielle a contesté les résultats préliminaires qu'il a obtenus à l'issue du scrutin qui était entaché, selon lui, par "la fraude" et des "irrégularités". M. Rebaïne a estimé que les résultats annoncés par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales ne reflétaient pas la réalité, et qu'ils étaient le fruit d'une "fraude". Selon le candidat qui n'a obtenu que 0,99% des voix exprimées, "les cas de fraude n'ont pas été enregistrés dans les bureaux et les centres de vote, mais au niveau des procès-verbaux de dépouillement de voix transmis aux juges relevant des commissions communales et de wilaya de surveillance de l'élection présidentielle". Pour M. Rebaïne les représentants de certains candidats le jour du scrutin étaient des "fonctionnaires et non pas des militants" a-t-il indiqué sur ce point. Revenant sur le déroulement de la campagne électorale, le candidat de Ahd 54 a fustigé, encore une fois, "le phénomène de l'argent sale et l'utilisation des moyens de l'Etat au profit d'un candidat durant la campagne électorale". Il a, dans ce sens, relevé que "la scène politique d'aujourd'hui est animée par le pouvoir de l'argent et non pas par les programmes et les idées" d'où la nécessité, a-t-il plaidé, d'opérer un changement qui consacre l'alternance au pouvoir avec le concours des jeunes universitaires et des compétences.