Le président de la Chambre des représentants américaine, le républicain John Boehner, a annoncé avant-hier qu'il créait une commission spéciale pour enquêter sur l'attaque mortelle de 2012 contre la mission diplomatique des Etats-Unis à Benghazi. Depuis cet événement, qui avait coûté la vie à l'ambassadeur en Libye et trois autres Américains, les républicains du Congrès accusent la Maison- Blanche d'avoir cherché à étouffer le caractère terroriste des attaques, alors que le président démocrate Barack Obama était en campagne pour sa réélection. Mercredi, l'organisation conservatrice Judicial Watch a déclenché une nouvelle controverse en publiant un courrier électronique de Ben Rhodes, membre du cabinet de sécurité nationale de M. Obama. Dans ce message daté du 14 septembre 2012, le conseiller énonce les objectifs de l'intervention de Susan Rice (alors ambassadrice à l'ONU) dans plusieurs émissions de télévision prévues le lendemain sur les grandes chaînes américaines. Parmi eux, celui de souligner que les attaques ont eu pour origine une vidéo internet et non un échec plus large de la politique des Etats-Unis. L'exécutif avait en effet dans un premier temps expliqué que l'attentat de Benghazi avait été provoqué par la publication d'une vidéo islamophobe sur YouTube -- une version rapidement contredite. Ces révélations poussent la Chambre à prendre toutes les mesures possibles pour s'assurer que les Américains connaissent la vérité sur l'attaque terroriste contre notre consulat, a martelé avant-hier M. Boehner dans un communiqué. A la lumière de ces derniers développements, la Chambre va voter pour instaurer une nouvelle commission spéciale afin d'enquêter sur l'attaque, établir les responsabilités et assurer que la justice soit finalement rendue. Un peu plus tôt, le président de la commission de la Chambre chargée de contrôler et d'auditer l'exécutif, le républicain Darrell Issa, avait indiqué sur Twitter qu'il réclamait que le secrétaire d'Etat John Kerry vienne témoigner le 21 mai devant les élus sur la façon dont l'administration avait répondu à l'attentat de 2012. Des enquêtes parlementaires ont été lancées et des milliers de documents livrés au Congrès sur l'affaire Benghazi, mais le message de Ben Rhodes publié mercredi n'avait à ce jour jamais été révélé malgré les requêtes de la Chambre des représentants -- où les républicains sont majoritaires. Réagissant au lancement d'une commission spéciale et à la citation à comparaître de M. Kerry, la porte-parole adjointe du département d'Etat a affirmé lors de son point de presse que l'affaire Benghazi avait déjà été l'objet d'enquêtes ad nauseam, par de multiples commissions. Je peux assurer que ce que les républicains prétendent, qu'il y aurait eu des tentatives de la part de cette administration de dissimuler ou d'interpréter ce qu'il s'est passé, est faux à 100%, a-t-elle souligné. Interrogé à ce sujet jeudi, le porte-parole de la Maison -Blanche Jay Carney était resté fidèle à la ligne de l'administration selon laquelle le message adressé à Mme Rice concernait l'ensemble du monde arabe, et non spécifiquement Benghazi.