Des élus républicains du Congrès ont demandé mardi à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton de s'expliquer sur son refus de renforcer le consulat de Benghazi malgré les multiples sollicitations de l'ambassade américaine en Libye avant l'attaque du 11 septembre dernier. Dans une lettre ouverte adressée à Mme Clinton, le président de la puissante Commission de surveillance du gouvernement auprès de la Chambre des représentants, Darrell Issa, et le président de la sous-commission de la sécurité nationale à la même chambre, Jason Chaffetz, ont affirmé que les diplomates américains en Libye avaient demandé à maintes reprises un renforcement de la sécurité au consulat de Benghazi avant l'assaut qui avait coûté la vie à l'ambassadeur Christopher Stevens et à trois autres Américains. "Plusieurs responsables du gouvernement fédéral des Etats-Unis ont confirmé que la mission américaine en Libye avait demandé à plusieurs reprises, avant l'attaque du 11 septembre, que la sécurité à Benghazi soit améliorée", notent les deux élus républicains dans leur lettre publiée à la veille du premier débat présidentiel qui opposera mercredi Barack Obama et son adversaire républicain Mitt Romney. Selon eux, la mission diplomatique américaine en Libye "s'est vue, toutefois, refuser un renfort par des responsables du gouvernement" alors que le consulat à Benghazi, ont-ils ajouté, a été menacé 13 fois avant l'attaque du mois dernier. "Sur la base des informations fournies à la Commission de surveillance du gouvernement par des personnes ayant une connaissance directe des événements qui se sont produits en Libye, l'attaque qui a coûté la vie à l'ambassadeur était la dernière d'une longue liste d'attaques contre des diplomates et responsables occidentaux en Libye dans les mois qui ont précédé le 11 septembre 2012", écrivent-ils. En conséquence, ont-ils déduit, l'attaque "n'a manifestement jamais été le résultat d'une manifestations populaire tel que le prétend le gouvernement américain". Ces membres du Congrès ont déclaré que le consulat a demandé plus de sécurité pour faire face à la menace croissante mais que cet appel a été rejeté par l'Administration américaine. "S'il vous plaît, citez toutes les demandes adressées par l'ambassade américaine de Tripoli au Département d'Etat pour obtenir plus de sécurité ainsi que la réponse du département d'Etat", ont demandé MM. Issa et Chavetz à Mme Clinton en l'appelant à donner sa réponse d'ici lundi prochain. A ce propos, les deux élus ont informé Mme Clinton de leur intention de convoquer pour le 10 octobre en cours une autre audience à la Chambre des représentants pour examiner les éventuelles failles de sécurité en Libye, y compris les "évaluations de sécurité telles que faites par le département d'Etat et la prise de décision relative à la sécurité". Par ailleurs, la lettre de ces membres du Congrès a révélé pour la première fois qu'une attaque avait été perpétrée le 6 avril dernier contre le consulat dans lequel deux anciens gardes de sécurité libyens avaient lancé des explosifs par-dessus la bâtisse. La lettre indique également que des militants ne faisaient pas mystère de leur intention de cibler les Américains en Libye, et que des gardiens libyens non armés travaillant au consulat américain de Benghazi ont été avertis, dans les semaines qui ont précédé l'agression, par des membres de leur famille à quitter leur emploi "en raison de rumeurs d'une attaque imminente". Au sujet de cette attaque qui avait ciblé le consulat, rappelle-t-on, des propos contradictoires au sein du gouvernement américain sont apparus quant à certains aspects des circonstances de l'assaut. Alors qu'au départ, certains officiels dont la représentante des Etats-Unis à l'ONU, Mme Susan Rice, ont affirmé que l'attaque était survenue "spontanément" dans la foulée des manifestations contre la vidéo islamophobe, les services de renseignement américains ont estimé, par la suite, qu'il s'agissait d'une attaque terroriste "délibérée et organisée". Très critique à ce sujet, le très influent président de la Commission de la sécurité intérieure à la Chambre des représentants, le républicain Peter King, qui n'a pas manqué d'appeler Susan Rice à démissionner de son poste, a considéré que "le gouvernement américain a soit délibérément induit en erreur le peuple américain, soit il était très mal informé".